Subterranea...

Bon, le stratagème semblait avoir fonctionné : la bête se déplaçait. Maintenant il fallait tenir. Elle allait surgir d'une minute à l'autre. Elle était blessée de toutes façons; le temps jouait contre elle.
Vanessa se plaqua le dos contre le mur et gardait les deux ouvertures dans son champs visuel, esssayant de respirer le plus posement possible. Elle gardait néanmoins son arme braquée vers le couloir, Denis et le doc étaient juste de l'autre côté du couloir...et il faudrait vraiment pas qu'elle se rate si la bête venait de par là.
Si elle venait depuis l'autre côté, elle aurait plus de temps pour réagir, le monstre aurait toute la pièce encombrée par les débris de la porte et les cadavres à traverser.
Alors que l'analyse de la situation suivait son cours, Vanessa continuait à sonder chaque éventualité...Couloir ? Petite pièce ? Par où allait elle surgir ?!

Des petits bruits de caoutchouc s'entrechoquant, un regard trahissant une présence...Vanessa sentit brusquement son coeur accélérer.Elle s'apprêtait à faire feu et se ravisait in extremis en constatant que ses yeux qui l'observaient n'étaient autre que ceux du doc...
Ouf !...On avait frôler le pire...
Enfin, peut être !!!
Au même moment, profitant de la diversion malheureuse qu'offrait le doc, la créature passa à l'attaque, prenant au passage l'initiative et bénéficiant d'un petit avantage que lui conférait l'effet de surprise.
Sans le vouloir, Vanessa venait de relacher sa garde...

La chose apparut au niveau du couloir, avec une rapidité encore assez importante malgré ses blessures visibles au niveau des membres, de la gueule et du flanc...
Elle ne pénétra pas dans la pièce, ne voulant certainement pas servir de cible à cette "Miss Rambo" de circonstance.
La créature se saisit d'un bris de verre tranchant et consistant et d'un coup de patte rapide et précis l'envoya voler à travers la pièce en direction de la belle...
Celle ci n'évita l'impact que grâce à une volte face bien pensée. Le morceau vient finir sa course mortelle contre le mur du fond, éclatant en multiples morceaux dont un attérissait au niveau du jolie minois de la belle...Une très légère estafilade sur la tempe qui eu le don de l'énerver grave...
Elle visa l'ouverture du couloir, mais déjà la créature avait disparu...De quel côté ???
Rapidement, un claquement de porte se fit entendre.
Du renfort ou une période d'accalmie qui viendrait à point ?...
22H50...

Bon... La bête est plus rapide, plus agile et surtout plus maligne que prévu.
Et en plus y'avait encore dans cette barraque des portes capables de claquer.
On n'était décidemment pas au bout des surprises.
Il fallait agir en équipe.
Vanessa se reconcentra, rafermit sa prise sur l'arme et cria :
"Doc, ça va ? Moi c'est OK mais Enzo semble out...Avez-vous vu par où s'était barré l'alien ?"

Le doc pénétra dans la pièce, faisant onduler au passage les bandes caoutchouteuses.
" Je vais bien ! "

Il survola la scène des yeux, une rapide analyse s'imposait à lui.
Un méli mélo d'objets divers se trouvaient éparpillés un peu partout dans la pièce. La porte ainsi que l'étagère qui servaient de barricade avaient subi les conséquences de l'explosion du C2...
Deux créatures semblaient hors course. Une était inerte à l'entrée de la pièce, son corps bardé de blessures plus ou moins sérieuses, l'autre se trouvait près de l'aquarium...Elle était étendue sur Enzo, inerte elle aussi, son sang noir inondant le malheureux. Enzo ne bougeait pas.
Le doc s'approcha discrétement de l'ouverture que proposait l'absence de porte, évitant l'enchevêtrement d'objets. Il utilisa la lame de la dague sacrificielle comme loupe.
Vanessa, sachant qu'il était inutile de dissuader le doc dans son entreprise en lui expliquant la dangerosité de son action, s'approcha également, arme au poing !...
"...Rien à droite, et à gauche....Euh...Vanessa !? Avait on refermé la porte où se trouvait le passage dissimulé ?..."

Visiblement, la créature avait préféré battre en retraite !...Mais pour combien de temps. Une chose était désormais acquise, elle était dotée d'intelligence...ce qui la rendait que plus dangeureuse !
A partir de là, n'étant plus prisonnière de sa cage de verre, la créature pouvait réapparaître à chaque instant.
22h53...

Vanessa , comprenant que le danger était momentanément écarté, commença par rendre son fusil au doc.
Elle reprend un peu son souffle après ce pic de stress et déclara :
"On peut pas laisser cette menace planer sur nous comme ça. Elle saigne, laisse des traces, et me fait trop chier."

Le doc, tout en écoutant ce que lui disait Vanessa, se pencha sur Enzo et lui prit le poignet pour vérifier le poul. Il ne quittait cependant pas la créature des yeux, s'attendant à chaque instant à une mauvaise surprise. Le couteau était prêt à s'enfoncer dans l'artère temporale de la bestiole.
Pendant le temps qu'il passait à s'occuper d'Enzo, il dit à Vanessa:
"Miss Reinhardt, deux précautions valant mieux qu'une, vous avez ma bénédiction pour plomber le cervelet des créatures au sol... juste pour être sûr. Je pense qu'il serait bon aussi de refermer le passage secret le temps que nous finissions l'exploration de cet étage, si nous voulons être tranquille. Il y'a encore au moins deux pistes à explorer... and last but not least, Denis s'est retranché dans la pièce après la baie vitrée, il serait bon de le rassurer"... "Ah une dernière chose, vous avez fait preuve d'un sang froid remarquable, Vanessa"

Angus esquisse un sourire et appuie le regard qu'il adresse à la belle pour signifier un "merci".
Tout en s'occupant du cas d'Enzo, il essaie de se coordonner avec Vanessa.
Le but: faire rouler la bestiole sur le côté pour dégager Enzo et tirer une balle dans la tête de la créature pour s'assurer de sa mort définitive.
Comme çà eu moins, le doc pourra soigner tranquillement Enzo, et de manières plus précises.

Vanessa qui avait comprit où voulait en venir le doc, pris à nouveau les choses en main.
"Attend Doc, on va faire à l'envers : ça gaspille pas les munitions, et je risque moins que la balle traverse et éclate Enzo... enfin un peu plus quoi..."

Vanessa, s'empara du couteau de Enzo, un bon gros couteau de guerre présume t'elle, avec boussole et fil de pêche même. Puis elle attrape la créature par la tignasse, glisse la lame sous le cou et, d'un grand coup sec et large, s'arrange pour dessiner un sourire très très profond en guise de collier à la créature qui est au sol, puis à celle qui traine sur Enzo. Elle en fait autant sous les aisselles et au niveau des coudes de la créature afin que la virer du corps d'Enzo ne soit plus qu'une formalité.
Durant un instant, la lueur de ses yeux dégageait une aura malsaine. Elle commençait à prendre plaisir à ces atrocités....et surtout, à s'y habituer dangereusement !...
Le doc, inquiet, la regardait agir.
Elle récupèra aussi le flingue avec le night shot au cas où Enzo n'en aurait plus besoin.
Ensuite elle s'occupa de bloquer la porte. Pour ça elle utilisa le fauteuil, les morceaux d'étagères, les débris de porte, tout ce qui lui tombait sous la main jusqu'à ce que la porte disparaisse quasiment sous les obstacles...

Pendant ce temps, le doc fit respirer des sels à Enzo. L'effet fut immédiat ! Enzo reprenait péniblement ses esprits, constatant avec stupeur la noirceur du sang dont il était imprégné. Le doc le toisa avec compréhension. Lui aussi était dans un état similaire à celui d'Enzo il y a peu de temps.
Vanessa continua sur sa lancé... Denis !?... Elle ranga un peu ses armes, efface la sueur de son front, se refait un sourire pas trop ravageur et va le voir.Progressant avec une grande prudence.
Elle s'assis à côté de lui en poussant un petit soupir puis le regarda par dessus son épaule.
"Ca va Denis ? Ecoute, on aurait pas mal besoin de toi là-bas. Y'a un ordinateur qui semble receller pas mal d'infos sur la situation. Je pense que tu pourrais peut-être... enfin...t'as l'air de t'y connaître en informatique...non ? J'me demande même s'il est pas connecté à Internet. Ce serait une veine non ? Bref, Doc s'occupe des blessures, je m'occupe des monstres et toi tu compiles les infos sur ton portable et tu nous trouves le début d'une solution. Un vrai travail d'équipe quoi. Et quand ce sera fini, on se f'ra une bouffe et je dirai à tous tes potes que t'es un coup d'enfer. Ca va l'faire méga grave ! Allez au boulot Denis, c'est à toi de jouer. Moi je vais essayer de retrouver les identités des pauvres morts-vivants qu'on vient d'achever."

Ce dernier se laissa facilement convaincre par l'abnégation et la beauté de la belle. Il ne se fit pas prier pour obtempérer.
Elle retourna donc vers la salle où le Doc officiait et essaya de trouver des papiers, des signes qui pourraient l'aider à retrouver les noms des restes qui jonchaient la pièce... Une grosse fatigue venait de s'abattre sur ses épaules, la chute d'adré surement et elle ne put s'empêcher de penser qu'elle devenait elle-même un monstre : le spectacle ne lui causait même plus la nausée...

Vanessa finissait de s'affairer dans la pièce. Aucun indice digne de ce nom n'était venu se glisser entre ses doigts. Elle se dirigea vers le centre de la pièce où Doc remettait Enzo sur pied et son visage s'éclaira d'un vrai et franc sourire quand elle vit le mastodonte debout.
"Eh bien, t'en as mis du temps ! Tiens reprend tout ça c'est trop lourd pour moi."

Elle lui rendit ses armes et sembla tout à coup beaucoup plus légère.
Un sourire complice d'Enzo était visible par tous. Il reprenait peu à peu le plein pouvoir de ses fonctions. La tête lui faisait encore un peu mal, mais ça, il s'en accomodera...
"Merci Doc !...Vous êtes une vraie mère pour moi. Et dire que c'est moi qui était chargé de veiller sur votre santé...C'est raté !..."

Il se releva et réagença ses armes, les rechargeant toutes. Il s'adressa au groupe:
"Je pense qu'il faut qu'on se prenne quelques instants pour recharger nos batteries. J'ai de la viande séché...et suffisemment pour nous quatre."

Il sortit de son sac un petit sachet contenant la nourriture et la tendit à Vanessa après en avoir prélever un morceau :
"Mangez ! je vais surveiller notre as de l'informatique !...et pour faire dans l'élégance, quand vous aurez fini et avant qu'on continue, faudrait que j'me soulage dans l'aquarium !...si vous voyez ce que je veux dire"

Enzo finissait sa phrase par un clin d'oeil et un petit rictus géné.
"Je vous conseille d'ailleurs d'en faire autant...Vanessa, si t'as besoin de t'isoler, je veillerais sur ta sécurité !..."

Sur ces paroles, il rejoignit Denis qui était toujours affairé sur le PC. Il avait connecté son portable sur le port USB 2 et faisait défiler les fichiers. Un autre appareil sophistiqué était connecté à l'ensemble et le tout fonctionnait en un genre de mini réseau. Il paraissait comme isolé, prisonnier de sa bulle....Il ne sentit même pas la présence de son protecteur dans son dos.
23h02...

Montrer son cul ne génait pas particulièrement Vanessa, mais là quand même, l'idée d'un petit peu d'intimité n'était pas si mauvaise.
Elle attendit qu'Enzo aille veiller Denis et murmura au Doc :
"Il est OK Enzo ? On fait quoi pour Denis ?"

Puis elle lui demanda de se retourner et alla se soulager dans un coin, amusée par la gène occasionnée. Elle aurait quand même donné cher pour un bon bain.

Une fois les affaires courantes traitées avec succès, malgré une certaine gêne occasionnée par ces obligations naturelles, le groupe reprenait un fonctionnement quasi normal au vu de la situation subie et était également rasséréné nerveusement et avec l'organisme réalimenté en vitamines.
23h11...
Durant cette pause improvisée, la tension restait fort justement palpable et la vigilance de chacun était restée de mise.
Vanessa et Angus commençaient à se diriger vers le reste des pièces du premier étage afin de poursuivre leurs investigations et trouver des explications à leur situation délicate tandis que Enzo continuait à jouer l'Ange protecteur du jeune Denis.
C'est à ce moment qu'un souffle mélangeant satisfaction, soulagement et consternation vint jusqu'aux oreilles en alerte de la belle et du légiste alors qu'ils s'apprêtaient à investir la pièce où denis avait trouvé refuge lors de l'affrontement. De toutes évidences, cette pièce était un lieu de culte maléfique remplie de banc de prière noir, de chandelier terrifiant et de fresques abominables. Deux grandes stèles étaient visibles au fond de cette grande salle.



Mais leur attention fut attiré par Denis et ses activités. Il en avait fini avec l'ordinateur. Il l'avait autopsié comme seul un crack de l'informatique pouvait le faire.
Le regard d'Enzo, arme au poing, allait de l'écran de l'ordinateur à Vanessa et inversement.
"Je crois qu'il a quelques choses !?..."

Denis s'adossa au fauteuil, lâchant sa souris comme un médecin légiste abandonnerait son scalpel après un travail éprouvant.
Un sourire triomphateur se lisait sur son visage.
"...Effectivement, j'ai dégoté des trucs intéressants !...J'vais essayé d'vous faire un rapide topo de c'que j'ai trouvé..."

Il reprit un air concentré et sérieux et ferma au passage quelques pages de l'ordinateur. Il se racla la gorge pour se donner de la contenance, et se redressa dans son fauteuil, trop content d'être pour une fois le centre d'intérêt du groupe et d'avoir l'agréable impression d'aider à avancer.
"L'ordinateur est assez bien sécurisé. Il a trois pass sékurit à franchir et tous étaient protégés par un trojan. Ce virus là avait pour effet d'effacer définitivement le contenu de la page en cours de lecture. J'ai tracé l'adresse IP dans son parcours interne car il fonctionne en réseau local fermé. Aucune possibilté de contacter l'extérieur donc !....Mais tous les dossiers sécurisés ont pu être extrait d'la source....Enfin...nan ! y'en a un qui m'a résisté et ça m'emmerde de l'dire ! Un seul fichier est inviolable. C'est c'ui là !"

Denis montre une icône de la page principale. Celle ci à la forme d'une main rouge et se nomme "Varsovie".
" Y veux pas s'ouvrir ! Y'm'faut plus de temps et de matos. A part son nom et le fait qu'il fait 2 Go, j'peux pas vous en dire plus. Faudrait récupérer l'disque dur !...et espérer qu'on sorte vivant de ce lieu maudit !"
...
"J'ai trouvé dans ses dossiers des choses assez hallucinantes, des numéros de comptes en bon au porteur datant d'avant la première guerre mondiale, d'autres numéros de compte plus récents basés en Europe et au Canada et cette liste horrible de gens morts depuis...depuis trop longtemps !..."

Il ouvrit une page et la pointa du doigt.
"Regardez là !...1901, sacrifié! 1904, fécondé !... et ça continue: mangé, emmuré, dépecé, aliénation mortelle, essence de...Nyogtha !?...là encore, mutation !...Cette liste est terrible. Elle s'échelonne dans le temps...et il y en a des centaines. Regardez leur age !...y'a même des gosses !"

Un instant qui sembla interminable s'écoulait sans que personne n'ose ouvrir la bouche. Au final, c'est Denis qui s'y recolla:
"...A chaque nom correspond un dossier. Dates de disparitions -toute aux alentours de la fête des morts- articles de journaux, pages nécrologiques. D'après les articles, aucun d'entre eux n'a jamais été retrouvé. Ils ont disparu après avoir quitté leur boulot, leur famille, ils se rendaient chez le docteur, l'apothicaire ou encore au cimetière visiter un proche, ils ont disparu après un accident, ou encore un mystérieux rendez vous téléphonique. Ils étaient en soins intensifs à l'hosto ou faisait leur jogging. Ils...Putain de merde !...Qu'est c'qui va nous arriver à nous ?! Hein ?!"

La peur qui avait un temps relâché son étreinte s'était à nouveau profondémment ancré en Denis qui recommençait à geindre bien malgré lui. Les nerfs !...
Il continua néanmoins et non sans difficulté à raconter ce qu'il avait trouvé.
"...Ce nom là !...Il revient tout le temps ! Akiramori N'guyen !?...Il était déjà dans les bases de données d'avant 1900. C'est impossible ! Hein? Il a supervisé toutes les morts. De la première à la dernière...Aut'choses ! Y'avait des tonnes de pages avec des prières ! C'est quoi ça ?...Y'a des trucs illisibles."

Denis chercha du regard un réconfort qui ne venait pas. Il sentait sa fin arriver. Mais avait au final décidé de lutter !
"Enfin, pour finir, le clou du spectacle ! J'ai gardé le meilleur pour la fin et ça, ça me fait vraiment flipper ! Y a des images de nous !
Regardez !...le doc, Vaness', Enzo...moi ! Putain, j'devais avoir treize ans sur cette photo....Ces salauds nous ont surveillé durant toust ce temps! Comme des sujets d'études ! Merde...on va crever ici !"

De rage et les larmes aux yeux, il tapa violemment du poing sur la table, faisant tressauter la souris...
23h17...

Vanessa pose les mains sur les épaules de Denis et entreprend, l'air de rien, un petit malaxage des cervicales. En général, les mecs se détendent bien avec ça. Les plus bourrés s'endorment même. Mais elle doutait de ce résultat dans une telle situation.
"C'est du très bon boulot Denis. Fais une sauvegarde de tout ça et démonte le disque dur. On va quand même essayer de sortir des preuves de ce merdier et rendre un peu hommage à tous les disparus. Pour Nguyen, je sais pas s'il est si vieux. Rien ne m'étonnera plus maintenant. Mais, si ça peux te rassurer, dans le milieu, celui qui reprend une fonction importante récupère aussi souvent le nom et la vie qui va avec. La pègre a horreur du changement."

Un petit regard vers le légiste de la police nationale et vers le type armé catégorie 1.
"Enfin, c'est ce qu'on dit. J'ai pas vérifié."
...
"Pour le reste, ma foi, on savait déjà qu'on était des cobayes. Y'avait les caméras, les blondes zombies qui déballent ton intimité, tout ça tout ça...Le truc, c'est qu'on ne connait pas vraiment la nature exacte de l'expérience. Ce serait beau qu'il ne s'agisse juste que d'un test de survie..."

Elle posa un petit regard triste baissant les yeux vers la nuque de Denis et soupira.

"Bon allez, emballe-moi tout ça fissa, on va pas y passer la nuit et on a encore une bêbête à déssouder avant d'aller se coucher."

Elle lui ébouriffa les cheveux et repartit dans l'autre salle, à la recherche d'un quelquonque passage secret, évangile satanique, calice noir, ou baignoire avec jacuzzi...on pouvait toujours rêver.

Denis demanda le couteau suisse à Angus. Cet outil était muni d'un petit tournevis tout à fait adapté afin d'ouvrir le PC pour en retirer le fameux disque dur. Denis se mit en tailleur et commença son labeur.
Enzo se dirigea vers le côté EST de l'étage. Armé et sur la défensive, il voulait savoir où se terrait la créature. Au pire voulait il l'isoler pour éviter toute mauvaise surprise...
Le doc marcha sur les pas de la belle et la rejoignit dans cette grande pièce entièrement vouée à un culte certainement mauvais.
La pièce ne souffrait d'aucun désordre. Tout y était millimétré. L'espacement entre les bancs, la symétrie de la nef, l'autel, même les chandeliers étaient équidistants de ce qui les entouraient.
Les bancs étaient d'un noir très pur. Leurs pieds étaient composés d'un enchevêtrement tentaculaires en bois.
Les chandeliers avaient une forme qui s'apparentait beaucoup à celle d'un humain. Ils étaient sculptés de runes inconnus. Bras tête et épaules faisant office de réceptacle pour des cierges noires.
Sur le sol de la nef et jusqu'au transept était peint des scènes représentant des sacrifices humains abominables. Chacunes des scènes étaient surveillées par un être pseudopode muni de tentacules. Sur certaines d'entre elles, cet être se saisissait d'humain et les dévorait...
Les murs étaient eux aussi recouvert de ce genre de peinture, mais la précision du trait était moins importante que sur celle des sols.
Un pupitre régnait sur l'autel. Il était de même conception que les bancs et transpirait le mal. Aucun ouvrage ne se trouvait sur celui ci. Une petite trappe de rangement se trouvait à mi hauteur du pupitre. Elle est fermée à clé.
Angus se baladait dans la pièce en compagnie de Vanessa. Il tenait dans ses mains l'ouvrage "De Vermiis Mysteriis", essayant de recueillir des indices en comparant les écrits et les dessins qui se trouvaient dans le livre d'avec celles peinteent sur le sol et les mûrs.
Touts deux s'approchèrent du fond de la pièce. Sur le côté droit du pupitre s'érigeaient deux grandes stèles en pierre. Des inscriptions y étaient maladroitement gravées.
Sur la première, on pouvait lire:

y'ai'ng'ngha
Nyogtha
h'ee-I'geb
f'ai throdog
uaaah

Sur la seconde:

ogthrod ai'f
geg'l-ee'h
Nyoghta
'ngah'ng'ai'y
zhro

Deux plateaux en bois son accrochés au mur le plus proche des stèles. Une quinzaine de jarres de verre graduées s'y trouvaient. Les récipients de verre, numérotés, sont presque tous remplis entre le quart et la moitié de leur volume d'une poudre fine bleu-gris. Les récipients ne sont pas classés dans l'ordre.
Pendant que Angus continuait son inspection des stèles et des récipients en verre, la belle commença déjà à crocheter la petite trappe du pupitre.
Clic...entreprise réussie avec brio !...
23h28...

Une fois le contenu de la trappe mis à jour, la belle inspecta rapidement son contenu avant d'interpeller le doc pour lui signifier de la rejoindre. D'un signe explicite elle lui montre les divers objets qu'elle avait découvert.
Un bol en airain qui contient une sorte de charbon et de l'encens.
Un calice en argent travaillé, décoré d'une corne de bouc jaunie par le temps. L'extérieur du calice comporte d'autres symboles.
Une bouteille de cuivre bouchée qui contient quelques onces de poudre grise translucide.
Un disque en argent de forme étoilée.

Bah... l'argent n'avait jamais été le métal préféré de la belle de toutes façons. Elle laissa ouvert et fit place à Angus.
Puis elle alla se poster près de la porte et essaya de suivre la progression de Enzo.
Avant que celle ci ne s'éloigne définitivement pour rejoindre Enzo, Le doc lui fit par de sa découverte, allant pour ce faire jusqu'à accompagner Vanessa sur le pas de la porte.
"Les inscriptions sur la stèle sont certainement des incantations. Une invocation pour l'une, et une conjuration pour l'autre."

Il lui expliqua qu'il lui fallait encore un peu de temps pour analyser le contenu des récipients. Néanmoins, les 15 jarres en verre graduées coincidaient curieusement avec les 15 cobayes mentionnés sur la liste...

Vanessa constata avec dépit que Enzo avait déjà entamé sa progression vers l'est de l'étage. La chasse était ouverte...
Decevant ce manque de patience chez un vrai pro... Vanessa resta avec Angus et Denis.
"Des incantations et des conjurations ? Avec autant de jarres que de cobayes ? J'imagine déjà le topo... Denis reviens par là, il n'y a qu'une seule issue; on sera pas pris en traitre et on va laisser un peu de temps au doc pour finir le boulot."

A toute fin utile Vanessa regarda si les numéros de jarre les plus vides correspondaient aux zombis déjà identifiés sur la liste.
Denis, lui, en avait fini avec l'ordinateur. Un disque dur faisait maintenant parti de son équipement. Il rendit le couteau suisse au doc et découvrit à son tour la pièce plus en détail.

Angus murmurait en feuilletant le grimoire
"f'ai throdog... correspondrait dans le De vermiis à resurectio, par Saint André et tous les saints d'écosse ! la première stèle est un sortilège de résurrection... Ce serait à l'aide de cette magie qu'ils ramènent les morts à la vie... Si mon hypothèse est bonne la deuxième stèle serait le contre-sort du premier".

Le légiste referma le De Vermiis et porta son regard sur les récipients de verre puis il s'adressa à Denis calmement:
"Denis est-ce que tu peux surveiller la porte s'il te plait ? Enzo tarde trop à revenir".

Il invita du regard Vanessa à se rapprocher de lui et lui parla doucement de façon à ce que personne d'autres ne puisse entendre:
"C'est impensable mais voilà ce que je pense... Nguyen récupère des morts, qu'il tue sans doute lui-même d'ailleurs, et leur inocule l'opium noir, si j'en crois le rapport que vous avez trouvé dans la morgue. Je n'ai pas eu l'occasion de vous en parler mais je suis catégorique, je n'ai jamais fait d'autopsie sur notre jeune ami même si l'écriture correspond à la mienne. Nguyen utilise ce rituel pour les ramener à la vie puis renouvelle l'inoculation d'opium noir peut-être jusqu'à une nouvelle mort, je n'en suis pas sûr. Je pense qu'il renouvelle ce processus jusqu'à ce que le corps soit prêt à accueillir l'hôte tentaculaire de Nyoghta. Je pense qu'à chaque résurrection le corps perd cette cendre qui vient remplir un peu plus le bocal. Les trois récipients vides seraient les notres et celui d'Enzo, du moins c'est ce que j'espère, le moins rempli serait celui de Denis, quant aux autres ils représentent les différents niveaux d'avancement jusqu'à la greffe du symbiote. Le sortilège que j'ai lancé dans la morgue n'a éliminé qu'un seul zombi sur les trois pour la simple raison qu'il était le seul à avoir accueilli le parasite. J'ai été le seul à voir distinctement les créatures de Nyoghta bruler à l'intérieur du corps, c'était horrible. Je pense que celui que vous avez descendu devant la cellule de Denis en était également un"

Angus reprennait son souffle avant de poursuivre...
"tout ceci ne sont que des hypothèses qu'un homme de science ne devrait pas poser et je peux me tromper mais je préfère les partager que les garder pour moi, on ne peut savoir ce qui va arriver dans les prochaines heures. Ne laissons pas Enzo seul plus longtemps si vous voulez bien"

Le doc ouvrit son sac où chaque chose était méticuleusement rangée. Il mit rapidement la main sur le parchemin trouvé un peu plus tôt dans la soirée.

Angus tendit les écrits à la belle:
"Il s'agit de l'incantation de Vach-Viraj. Assez efficace, il faut dire !..."

Vanessa se saisit du parchemin et fronça les sourcils. Encore un de ces trucs incompréhensible. Il était clair qu'il fallait les écrits sous les yeux pour lancer ce sort. L'apprendre par coeur était possible, mais dans d'autres conditions. Lequel des deux allait conserver ce précieux documents ?
"J'ai déjà lancé avec succès ce sort, il nécessite une certaine volonté que ma longue expérience et mon intérêt pour l'occultisme a forgé je pense. Je n'insinue pas que vous en êtes dépourvu Miss Reinhardt mais vous êtes beaucoup plus douée que moi avec une arme à feu, alors si vous permettez je vais conserver les parchemins et je vous laisse les armes"

Denis, qui surveillait du coin de l'oeil les deux comparses, se rapprocha.
"Vous avez trouvé quelques choses ?..."

Il regardait Angus et Vanessa fixement. Il avait la désagréable impression qu'on lui cachait des choses essentielles. Mais il n'en était pas sûr.
"Qu'est c'qu'on maintenant ? Y a encore des trucs à faire ici ?...Faudrait p'têt rejoindre le rital, c'est lui qu'à les meilleurs armes !"

"Ouais c'est sûr, il a les meilleures armes. Mais il a pas de plan, il sait pas à quoi il a affaire et il est seul... Entre nous je sais pas si c'est la meilleure configuration... Mais soit, allons-y. De toutes façons on va pas rester ici éternellement..." puis plus bas "enfin j'espère... "

Elle enchaina immédiatement, comme si elle voulait donner le change:
"Vous savez quoi ? Je me demande si ces jarres pleine de sable, c'est pas un peu des morceaux d'âme..." puis regardant le doc :" ou un truc scientifique du genre."

Vanessa reprit son arme, attendit que le doc en fasse autant et fit signe à Denis d'ouvrir brusquement la porte pendant qu'elle en visait l'embrasure. Faudrait pas voir à être attendus derrière...

Le couloir était désert.
Pour suivre les traces d'Enzo il fallait surtout suivre celle de la créature. Les gouttelettes de sang formaient une ligne à suivre.
Celle ci se dirigeait vers les pièces les plus à l'Est du premier étage.
Vanessa ouvrait le chemin, le beretta prêt à remplir sa fonction, suivit de près par Denis dont les yeux avaient du mal à lâcher la chute de rein de la belle. Angus, de son côté, suivait ses compagnons, la dague sacrificielle dans la main et ses pensées occupées à ressasser les dernières découvertes.
Le groupe arrivait à l'extrémité du couloir sans qu'aucune mauvaise surprise ne vienne contrecarrer leur progression.
Chaque pièce avait été refermée. La dernière, celle où se trouvait le passage dissimulé était également close, le poignard d'Enzo planté dans la porte maintenait une feuille.
Il s'agissait en fait d'un message de l'homme partit traquer la créature blessée.
Vanessa retira précautionneusement le poignard et prit la feuille dans ses doigts. Elle commença à lire le message tout bas mais assez fort pour que le doc et Denis puissent entendre. Le message disait:

"Amis,
Suivi traces de sang laissées par créature. Me mènent ici.
Reste de l'étage sécurisé. Pense fuit par le puit.
Pas envi revienne vous surprendre. Barricadé porte intérieur.
Me lance poursuite. Vieux compte à régler.
Trouvez moyens sortir vivant.
A+.Courage!
E."

Le sang laissé par la créature arrêtait sa course devant la porte. La créature se trouvait quelque part derrière cette porte.
23h38...

Vanessa récupéra le couteau d'Enzo ainsi que le mot. Elle le lui rendrait en temps et en heure...Elle marmonna néanmoins contre cet acte aussi courageux et noble que stupide et irresponsable du beau combattant.
Il fallait maintenant reprendre les investigations. Il y avait un certain nombre de cases vides auxquelles il fallait trouver des réponses.
Angus, malgré un bref interêt porter pour le message, continuait à songer aux découvertes de la petite chapelle.
Denis attendait que ses aînés prennent les décisions quant à la marche à suivre. Ses quintes de toux reprenaient petit à petit et il essayait tant bien que mal de les réprimer...
La belle suggéra de finir d'inspecter l'étage car il restait la petite trappe d'accès vers ce qui devait certainement être un grenier et la petite pièce au bout du couloir ouest.
Le groupe quitta l'Est pour retraverser tout l'étage de la droite vers la gauche. La progression se faisait toujours avec une extrême prudence. Au cas où...
Vanessa entrepris de s'occuper tout d'abord de la petite pièce. Elle ouvrit la porte qui n'était pas verrouillée.
Le groupe se retrouva face à une petite pièce presque aussi propre qu'une salle de chirurgie. Elle paraît ne pas être fréquemment utilisée et dispose d'une collection remarquable de couteaux de boucher et de hâchoirs de viande, tous extraordinairement affûtés.
Un petit réfrigérateur se tenait à côté d'un fourneau. C'est Denis qui le premier pris l'initiative d'ouvrir le frigo, histoire de se remplir la panse...A l'intérieur de celui ci se trouvaient plusieurs petits paquets de viande encore enveloppés dans du papier sanglant de boucherie. D'après l'odeur qui assaillit les capteurs olfactifs de chacuns et l'apparence de la viande, il ne s'agissait ni de boeuf, ni d'agneau, ni de porc, ni même de venaison...Angus regarda la Belle et Denis et referma la porte du frigo, son regard éloquent ne laissait aucun doute quant à l'origine de la viande. Après avoir rapidement inspecté la pièce et n'y avoir rien trouvé, ils refermèrent la porte.
Encore la trappe et l'étage aura été rigoureusement balayé.
Il fallut chercher une chaise pour avoir accès au système d'ouverture de la trappe. Denis pris son courage à deux mains et, couverts par ses deux compagnons, il ouvrit la trappe.
De la poussière et des toiles d'araignées tombèrent de l'ouverture...ainsi qu'une petite échelle d'accès...
23h49...

Vanessa et Angus furent les premiers à monter, suivit assez rapidement par Denis qui n'avait aucune envie de rester seul dans ce couloir inquiétant.
La trappe mène dans des combles qui visiblement n'ont plus été visité depuis un bon nombre d'années. Des linceuls poussiéreux et des toiles d'araignées couvrent des restes éparpillés de meubles brisés , et des boîtes remplies de vêtements rongés par les mites.
Au fond du grenier se trouvent deux petites chambres non terminées.
Après un rapide examen, la chambre côté Est ne regorge que des détritus.
Dans la pièce à l'ouest, le groupe réussi assez aisément à discerner une forme vaguement humanoïde appuyé contre un mur. Il s'agit d'un squelette humain enveloppé dans un linceul de toiles d'araignées, enchaîné à la cloison par des menottes anciennes.
23h54...
Le mur de cette pièce est totalement remplis de graffitis divers, allant du simple pentagramme ou symboles occultes en passant par des dessins lubriques ou autres obsenités. Une autre gravure dans le mur attire également rapidement les regards....Nyogtha !...
23h55...

Angus fut le premier à rompre le silence pesant qui gagnait de plus en plus en intensité.
"...Par Saint Georges !...nous avons affaire là à ce que l'on appelle une goule...Un être difforme et dangeureux..."

Il s'approcha et manipula les doigts griffus du cadavre.
"En un sens, nous avons de la chance !...celui ci est mort depuis bien longtemps..."

Denis le coupa net:
"De la chance ?! vous trouvez qu'on a de la chance ? Laissez moi rire !..."
Son intervention prit fin sur une nouvelle quinte de toux...un excès de stress !?

"Et vous jeune homme, laissez moi finir ! Si il y a une goule ici, cela veut forcément dire que, quelques parts dans cette maudite maison, il y a des nids !...nous savons maintenant ce que nous allons sûrement devoir combattre ! Sachant cela, je n'ai aucunement envie de rire !"

Le teint de Denis vira au rouge. Ce n'était pas de la colère, mais plutôt de la honte...
Angus regardait à présent la belle. Il la briefa calmement et en pesant bien ses mots
"Ma chère Vanessa, la situation est de plus en plus critique. Il faut fuir cette demeure au plus vite !"

Vanessa avait l'esprit plus préoccupé par le mot goule que venait de déclamer le légiste
"Une goule ? C'est pas le truc qui nourrit un vampire ça ? C'est vrai que ça manquait au décor ça, un vampire...C'est con, j'ai oublié mes balles en argent. Ah non ! ça c'est pour les loups garous. Mais bon, au point où on en est j'en vois bien débarquer un ou deux aussi d'ici peu."

Vanessa en avait vraiment marre de ce cauchemar. C'était même plus de la peur, mais de la colère.
Ses yeux las se tournèrent machinalement vers Angus. Un peu de réconfort merde !...Elle continua d'un ton monocorde:

"Sortir d'ici ?... Je demande pas mieux les gars. Mais là y'a pas de sortie. Alors faut redescendre et visiter le sous-sol. Et tout ça sans Enzo. Ou plutôt, avec Enzo, dont on ne sait pas dans quel camp ce molosse surarmé va réapparaître. Ce qu'est vraiment con, c'est qu'avec le C2 qu'il avait sur lui, on aurait pu se barrer par l'entrée dès le début. Bon , si on essaye le pragmatique, je pense qu'il faut redescendre par l'escalier principal, mais va falloir faire gaffe en route."

Angus opina du chef. Lui aussi était fatigué par cette situation inextricable...Quoique, une once d'excitation pouvait à l'occasion se lire sur ses traits. Certainement son côté scientifique qui ressortait !? Il se releva et se dirigea vers l'echelle:
"Redescendons, il n'y a plus rien à faire ici... essayons de rejoindre notre compagnon, nous avons plus que jamais besoin d'être groupés"...

Une fois le groupe reformé, Angus farfouilla dans son sac...Visiblement il était à la recherche d'une chose bien précise.
Il referma un objet d'un clic à peine audible et semblait à présent un peu apaisé...

"Bon, on s'casse d'ici !?"

Denis s'avança d'un pas en direction de l'escalier menant au rez de chaussée. Il s'eclaircissait de plus en plus la gorge au fil des minutes.

"Si seulement...", lui rétorqua la belle.

Les trois survivants se dirigèrent vers l'escalier. Aucun signe de vie ou ...de mort n'était perceptible. Ils avançèrent prudemment...en file indienne. La galanterie allant jusqu'à laisser les femmes passer devant
On entendait que le silence.
...
00h00...
...

Le groupe progressa rapidement jusqu' au point initial...Là où tout avait débuté...



Tous se retrouvèrent au pied de l'escalier...Niveau rdc...Un lèger couinement semblable à ceux qu'émette une porte dont les gonds sont mals graissés se fit entendre !... la porte du couloir menant vers la sortie était entrebaillé, elle bougeait par à coup, comme si une force invisible la maintenait ouverte...La porte d'accès vers la forêt était elle ouverte ?...Encore fallait il oser un regard !...
Au même instant, en provenance du sous sol, des bruits répétitifs de martèlement se firent entendre...Quelqu'un frappait visiblement contre un objet metallique...Enzo ?!...Goules ?...Ou pire encore...
Le temps était une nouvelle comme arrêtée...Personne n'osant entreprendre une action.
Angus en profita et mit un genou à terre, il sortit un des gros ouvrage de son sac...Il feuilleta rapidement le livre maudit...De Vermiis Mysteriis !...

00h01...

La belle semblait parler à elle même, mais personne ne capta ses propos. Elle repris toute sa contenance et enchaîna:

"Bon, on a deux choix : on se barre vite fait bien fait en laissant Enzo à cette barraque, où on descend voir les mineurs qui creusent en bas. De toutes façons on va devoir d'abord vérifier pourquoi cette porte ne ferme pas : je voudrais pas qu'un truc nous choppe par l'arrière. En même temps, si je devais partir d'ici ce serait en étant sûre d'avoir tout cramé dans le secteur et sans laisser Enzo dans les pattes du maniaque. N'est-ce pas Denis que tu ne voudrais pas qu'on laisse un d'entre nous tout seul ici ?"

Denis ne releva pas l'allusion. La curiosité et le désir de dégager l'avait déjà pousser à entreprendre une progression imprudente de quelques pas vers la sortie. Angus, toujours affairé à dénicher une quelconque solution dans ce livre interdit, pris à son tour la parole:

"Il y'a eu un courant d'air qui a raffraichit l'atmosphère !!!" dit-il sans lever la tête du livre, "celà signifie qu'un accès vers l'extérieur a été ouvert ne serait-ce qu'un court instant, le temps que je cherche un moyen de lutter efficacement contre les goules dans le De Vermiis, est-ce que vous deux vous pourriez rapidement et prudemment faire le tour des ouvertures possibles et en tester l'hermétisme. Dès votre retour je te referais une injection de Nalaxone Denis, çà va calmer ta toux pour quelques temps."

Puis avisant le Doc, la belle lui répondit : "Vous devriez arréter de lire ce truc, c'est pas sain."

Alors que Vanessa, qui avait rejoint Denis, s'éloignait, le doc dit encore: "s'il n'y a pas de sortie possible nous allons devoir visiter les entrailles de cette maudite maison"

Un "sans blague" dépité lui arriva jusqu'aux oreilles, mais le légiste, accaparé par sa recherche, ne releva pas...

La Belle et Denis arrivèrent jusquà la porte du couloir menant vers l'extérieur. celle ci était maintenu ouverte par un vent froid en provenance du ...dehors !
Après avoir prudemment progressé, ils eurent une vision complète du couloir...dégagé sans aucune présence !.. Au fond, ils virent les arbres tourmentés par le vent. La porte était ouverte à moitié. Denis semblait comme attiré par ce qu'il voyait, et un grand sourire d'excitation se peignait sur son visage. " Hé ...hé ...Ha HA HA HA HA !!!". Ce sourire céda vite sa place à une incontrolable euphorie.
D'abord Vanessa avait failli crier, intimer l'ordre à Denis de ne pas partir seul dans la forêt. Prise de colère, elle était à deux doigts de coller une balle dans chaque genou de cet imbécile pour l'arrêter malgré son euphorie.

Le doc, de son côté continuait à feuilleter son livre interdit. Des coulées de sueur et des envies de rendre accompagnaient son investigation littéraire...

Denis avait déjà atteint la moitié du chemin menant vers la sortie, quant il stoppa net son avancé ...Un étrange tremblement le gagna subitement ...et le rire stoppa net, laissant place à un bégayement et à des jérémiades à fendre le coeur d'une belle (aussi forte soit elle !) Une terreur panique s'empara de Denis, et lorsqu'il fit face à sa partenaire de circonstance, il avait le teint blafard, une petite goutte de sang sombre coulant de son nez.
Denis tout en pleurnichant fit demi tour vers Vanessa, visiblement, plus rien n'avait d'importance pour lui. Il semblait avoir abandonné tout espoir, les yeux éteints retournant vers l'intérieur, lui qui voulait tellement sortir...


Il fit demi tour et arriva aux côtés de la belle. Il lui murmura sans la regarder: "Maintenant, je sais qu'on va mourir !...IL est dehors !" et plus rien ne sortit de sa bouche. Son nez continua à déverser un peu de sang, mais cela s'arréta aussi au fur et à mesure qu'il s'éloigne de la sortie.

Vanessa détendit un peu son bras et rafermit sa prise de main sur son arme. Elle inclina légèrement la tête pour glisser quelques mots au Doc : "Houston ? On a un problème. IL est dehors." Qui ça IL ? Comme si elle savait qui était capable de foutre tellement la frousse à Denis pour anihiler en lui l'envie de s'enfuir de cet enfer.

Elle laissa Denis revenir, sans quitter l'ouverture des yeux, prête à faire feu. Elle profitait de l'occasion d'avaler quelques bouffées d'air frais. Quand Denis arriva à sa portée elle lui posa une main sur l'épaule et lui demanda tout doucement : "Qui est dehors Denis ?"

"Beurk, ah, r'beurk, euh euh...". Le doc en avait fini du De Vermiis...Il déversait à présent sa bile sur le sol alentour...Une respiration maîtrisée associée à la prise rapide d'un anxyolitique le calma quelque peu. Jusqu'à quand ?!
00h04...

Denis tourna la tête vers Vanessa...il la regardait sans la voir...
"N'guyen !...les yeux qui voient tout...le rodeur qui guette...l'ombre subterranéa !"

Ses yeux se révulsèrent, il tituba avant de s'affaler contre le mur, glissant tout son long pour finir au sol...Fatigué et à demi conscient.
Le doc, affaibli par ses recherches, approcha à son tour du couloir
00h06...

Presque immédiatement, à la seule vision de l'extérieur, le doc s'écria
"Par Saint Georges... Akimori N'guyen !!!"

Il recula, tremblant, en fouillant dans ses affaires à la recherche d'un objet... Sa dague sacrificiel, et, un parchemin...le parchemin ! L'incantation de Vach Viraj...
"...Je ne m'étais pas rendu compte jusqu'à présent que son nom était proche de N'ghta, l'orthographe la plus fréquente pour désigner Nyoghta"
...
Vanessa, incrédule, chercha à comprendre...Mais que faisait il ? Pourquoi cette subite terreur ?
...
"C'est la nuit qu'il est beau de croire en la lumière" se dit-il en se rappelant de cette citation de Rostand. Puis il commença son incantation...

Angus était doué pour voir l'invisible. N'avait-il pas déclaré avoir vu se consumer les entités qui avaient pris possession des corps ? Par contre que cherchait-il à faire avec son couteau là ?
Vanessa fût prise d'un doute. Et si c'était le couteau qui permettait de voir ces horreurs invisibles ? Avait-elle envie de voir ?
Bah...elle était vraiment trop curieuse, et en même temps, ne pas savoir c'est souvent pire...quoique...

Elle pose sa main gauche sur le pommeau du couteau que tient Angus, envelopant en partie la main du doc et pointe son arme vers la porte.

"Angus ! On se ressaisit ! On est ensemble, là ! Concentre toi."

Le simple fait que Vanessa effleure la main du légiste, lui fait regagner quelque peu sa contenance...Elle agit presque comme un point d'ancrage entre réalité et ...hallucination !...
Vanessa continue à pointer son flingue vers l'endroit qui semble terroriser Angus, mais elle ne le quitte pas du regard...

"Concentre toi !" lui dit elle...

Un nouveau haut le coeur l'envahit mais rien ne vient...
La porte est à nouveau close...et floue...Le doc se sent partir, sans rien n'y pouvoir, mais la main de la belle est là...
Denis continue à parler sans que rien n'est un sens...Tous les sons sont maintenant amplifiés...
"GHÛLS !!! Nursery !!!...Subterrannéa...Empêcher l'invocation de Nyoghta !...Empêcher l'invocation de Nyoghta !...

Angus finit par mettre un genou à terre, les yeux rivés vers la porte de sortie ! Un objet dans chaque main...Une putain d'hallucination !...Le livre ? La dague ??...Pourquoi ?...Merci la belle...
Vanessa essaya de prendre une voix apaisante :

"On se calme Angus. Tout va bien. Je pense qu'il est parti. Range donc ce canif et ausculte Denis un peu. Il saigne du nez."

Angus tenta de recouvrer ses esprits...Difficile et dans la douleur...Il était épuisé par cette épreuve.
Vanessa espérait que le doc reprendrait ses esprit en retournant un peu dans l'univers de la médecine. Enfin, Denis avait-il vraiment besoin de médecine ?

Cela prit quelques précieuses minutes avant que le doc ne parvienne à se calmer...Il orienta rapidement son attention sur Denis. Un mal de tête commençait à le tirailler.
La conclusion fut rapide pour le scientifique: d'un simple hochement négatif de tête, il scella le sort du jeune homme...La naloxone ne lui sera d'aucune aide cette fois ci, il avait perdu la boule...
Le sang recommança à s'écouler du nez de Denis, un sang qui tirait affreusement vers le noir...les oreilles aussi maintenant...Le jeune se vidait, lentement, mais inexorablement, continuant à lancer des propos incohérents !...

00h13...
On ne tapait plus au sous sol !...le silence avait regagné sa place.