Subterranea...

Bon ! Vanessa s'activa dans la pénombre. Un petit signe vers Enzo...et Vincent... On allait nettoyer tout ça proprement : attribution des cibles par geste, mise en joue, decompte silencieux aux doigts...et feux d'artifice. Par contre, il faudrait éviter que le maccab ne joue avec sa bague régénérante. Alors avant tout, Vanessa fit un signe éloquent à Enzo : elle désigna son couteau et mima une ablation du doigt. Les anesthésistes préparaient leurs armes, l'opération allait pouvoir commencer.
Pascal tempéra légèrement les ardeurs de Vanessa. Un souvenir qui lui revenait soudain au sujet des goules. Il dit à ses compagnons, sur un ton très bas, afin qu'il n'y ait qu' eux qui puissent entendre:
" Si je me souviens bien, il est parfois possible de communiquer avec des êtres semblables aux goules..."

Il guetta dans un premier temps le réaction incrédule du groupe, admettant lui même l'absurdité d'une telle chose, mais continua néanmoins:
"...Euh...Bien que rudimentaire et effrayant dans sa prononciation, leur langage peut...parfois je vous l'accorde... être compris...! Mais difficilement !...Il me semble que ce n'est pas sans risques, leurs réactions étant souvent improbables... et... surtout je ne connais pas leur langage... ce ne sont que des souvenirs qui me reviennent... désolé de ne pas pouvoir être plus utile..."

Il paraissait satisfait de sa proposition mais pris malgré tout une mine peu enthousiaste...
"Quelqu'un veut il tenter le coup ?... "

Enzo regarda le prof avec interêt et interrogea le doc du regard. Il préfèrerait l'option de Vaness' qui lui convenait mieux, mais si le doc approuvait, il se rangerait à son avis.
Vincent, lui, vérifia une dernière fois le cran de sureté de son gun...
02h16...

Comme si elle ne s'en méfiait pas assez, du flicard vereux.
Tout semblait prêt pour l'extermination efficace et rapide de l'engeance goulique, quand Pascal avança sa théorie. Vanessa écarquilla des yeux plein d'incrédulité. Elle eut du mal à murmurer :
"Et tu vas leur dire quoi ? Tu veux les inviter à la Bar-Mitzvha de ton ptit neveu ? Ou tu veux juste voir s'ils peuvent crier et ameuter du renfort avant qu'on ne les délivre enfin de leur pitoyable sort ?"

Vanessa leva les yeux au ciel en signe d'exaspération. On venait de remettre en cause sa proposition de faire un carton. Ca devenait une habitude de remettre en cause ce qu'elle disait, et ça la rendait nerveuse...
"Putain, j'y crois même pas. Et quand on leur aura bien parlé, on les laisse ici et s'on s'en va ? Ou on les flinguera de toutes façons en partant ?"

Angus essaya de rassembler ses idées en réajustant ses lunettes, ce nouveau groupe devait être soudé et aller dans une même direction si tous voulaient avoir une chance de survie, la moindre hésitation pouvait leur être fatale...
Le doc parla posément en essayant de calmer les tensions palpables dans l'air moite de ces souterrains :
"Il est certain que des informations sur les lieux pourraient s'avérer utiles mais les probabilités d'obtenir des informations fiables de ces créatures sont à mon avis très faibles et vous convenez vous même Professeur des difficultés liées à une telle entreprise. Nous avons à cet instant de bonnes chances de les neutraliser, chercher à les capturer pour les interroger leur laisserait une opportunité de donner l'alerte. N'oublions pas que notre priorité est la survie. Essayer d'obtenir des informations des goules me semble trop risqué"

Pascal compris tout à fait la situation et dû admettre que le jugement de ses camarades était somme toute logique. Comment pouvait on seulement penser pouvoir communiquer avec de telle créature. Pourtant il était sûr qu'ils auraient pu apprendre des choses intéressantes. Sûr de ce qu'il avait lu dans cet ouvrage. Mais bon, soit...Vaincu, il finit par se ranger à l'avis des autres et dit:
"Je comprend tout à fait votre façon de penser et je ne fais que donner une idée... vu que je ne peux rien faire d'autre pour me rendre utile... donc on a qu'à les flinguer si vous voulez !"

Enzo le regarda et avec conviction il lui répondit:
"T'inquiètes pas, tu vas pas tarder à en avoir l'occasion !..."

Pascal arma alors son PPK, prêt à en découdre avec les goules.
Tous firent irruption dans la grotte, excepté le doc qui resta légèrement en retrait. Après tout, il y avait bien assez de combattants pour venir à bout de ces deux goules.
Il leur fallut moins d'une minute pour venir à bout de ces deux créatures sâoules; Vincent et Enzo arrivèrent les premiers sur la goule à la bague, une balle chacun dans la tête avant qu'Enzo ne sectionne le doigt de la goule inerte. La paire Vanessa-Pascal achevèrent le leur dans la foulée, bien que Pascal dû s'y prendre à deux fois avant de toucher la goule. La crûche que tenait la victime éclata au sol et laissa échapper une légère fumée au contact de la terre. Le bruit des coups de feu résonnèrent dans le tunnel et dans la grotte, et chacun espérait que l'écho cesse au plus vite afin que le silence regagne sa place naturelle.
Enzo s'approcha du doc et de Pascal qui semblaient être les mieux placés pour analyser la bague de couleur verte qu'il avait ôter du doigt d'une des goules.
"Pascal ?...Une idée ?!"

Le jeune homme prit la bague dans ses doigts et l'observa avec attention.
"Au vu de la matière, je dirai qu'elle doit venir de l'Hyperborée...Mmmmh...Elle a été forgée et pas taillée...et...le métal m'intrigue. Il est étrange et en même temps assez dur, il se rapprocherait du diamant mais je ne saurais vous dire sa composition...Regardez là !...On remarque encore les coup du marteau qui l'a forgé, et là...on voit des runes discrètes sur la paroi intérieure et extérieure...Mmmmh...Pour moi, cette bague constitue un vaste sujet d'étude, bien que l'on ait tous constaté son usage sur la goule...Elle permet a coup sûr de régénerer les cellules endommagées d'un être, humain ou non !..."

Enzo parut satisfait du boulot de Pascal. Il regarda le doc, cherchant son approbation quant aux dires du professeur.
Angus finit par dire.
"Bon boulot jeune homme !...Maintenant il va falloir que l'on décide de ce que l'on fait avec !..."

Vincent ne s'intéressa pas aux palabres des autres, il gardait un oeil sur le tunnel, le bruit des détonations avait résonné plus que d'habitude dans la caverne.
02h20...
La seul idée qui vint à l'esprit de Pascal fut de dire:
"Je pense qu'il serait mieux de la donner à Enzo ou à Vanessa... Vu que, d'après ce que vous avez raconté, vous en avez vu des vertes et des pas mûrs... je pense que l'idéal serait d'en garder au moins un en vie...même si le mieux serait à coup sûr que l'on reste tous en vie... mais je ne sais trop que dire de plus...Qu'en pensez vous ?..."

Enzo rebondit sur les propos de Pascal.
"Heu...C'est une bague de femme ! Vanessa ?..."

Quand Enzo tendit la bague, Vanessa posa la main sur son coeur et fit mine de rougir. Puis, en rigolant un peu, elle répondit :
"Si c'est une demande officielle, tu mets un genou à terre, quelques formules d'usage, et tu pries pour plaire à ma mère. Maintenant, si c'est pour que je passe au doigt une breloque d'occaz, portée par un mort-vivant et même pas sortie d'un écrin Van Cleef, et ben tu rêves. En plus Prof l'a dit : c'est même pas des vrais diams. T'essayes pas de m'achter au rabais par hasard ? T'as qu'à la mettre toi. Ca f'ra kiffer les amateurs de BrookBack Mountain et ça fera sortir ton côté féminin. T'en as bien besoin."

En fait, Enzo avait déjà besoin des vertus curatives de la bague...et c'était quand même lui le mieux armé.
Enzo dû se rendre à l'évidence, la belle avait raison, c'était souvent lui le plus exposé.
Vincent continuait à faire le guet dans le tunnel sud, mais il ne perdit pas une miette de la discussion au sujet de la bague.
"Sinon, j'peux la prendre aussi. J'suis autant exposé que Action Man...Et visiblement, il est robuste et n'en a pas besoin. L'autre côté avantageux du truc, c'est que la refilerais jamais à Madame...C'est pas son style...bien trop précieux pour elle."

Enzo désamorça rapidement le conflit qui grondait, et avant que Vanessa ne réplique, décida pour tout le monde.
"Ok ! On arrête...J'la prends pour le moment et on avisera pour les situations à venir si il serait plus judicieux de la refiler à...Vincent."

Il la mis à son index gauche, le seul doigt où elle tenait, et se tourna vers Vincent.
"Un conseil l'ami...Arrête de la chercher...Sinon c'est pas de goules que tu devras te méfier !..."

C'est dans un climat tendu que le groupe se remit en marche.
Tout ce beau monde se retrouva à nouveau au point de départ. Il fallait maintenant se diriger vers le tunnel Ouest et suivre ainsi une nouvelle fois les traces de sang de la créature.
Les chemins se séparèrent une fois arrivé au point le plus occidental. Les traces continuaient vers le nord, et un tunnel partait en direction du sud.
D'un regard, le tunnel sud fut choisi.

Au fur et à mesure que le groupe avançait, une lueur fut perceptible. On entendit aussi des raclements et des bruits metalliques. Une porte venait certainement de se fermer à clé.
Vincent et Enzo partirent en éclaireurs, à pas feutré. Enzo paraissait plus nerveux que d'habitude, et il faisait la paire avec Vincent.
Enzo refila un coup de coude plein de connivence à l'attention du flic et ce dernier eut un sourire.
Tous deux préparèrent leur flingue.
Ils prirent une dizaine de mètres d'avance et s'approchèrent de l'entrée de la caverne.
"BAAAAAMMM !!!"

Un coup de feu qui surpris tout le monde et fit même tressaillir Vanessa retentit dans le tunnel.
Une volée de plomb projeta Vincent en arrière et il atterit violement au sol...Du sang sombre apparaissait au niveau de son coup. le coup avait fait mouche. Vincent fut totalement mis hors service, bien que ses membres s'agitèrent encore.
"...E Bon !...N'dighya...iège ha arché...vene enforts !...'uer 'uer ! r'ley Nyg'tha..."

"BAAAAAMMM !!!"
Une nouvelle explosion retentit, arrachant un pan de roche de la caverne et envoyant des morceaux de rocailles dans le visage d'Enzo, qui dû pour l'occasion, battre en retraite.
Au même instants des cris et des bruits de mouvements venaient par le nord du tunnel...
La souricière était en place. Le groupe était pris au piège...Il fallait réagir vite.
02h29...

Il fallait concéder que dans un tunnel, le fusil à pompe c'était le bon plan. En même temps c'était le seul plan de Vanessa pour le moment. Quoique...
L'autre flic pourri avait peut-être encore une arme, il fallait s'assurer qu'elle ne lui servirait plus.
Des borborygmes s'échappèrent de la gueule de Vincent, il s'éteignait lentement. Le sang affluait en flux discontinue d'une des artères du cou.
"BAAMM !..."

Vanessa lui colla une autre balle dans la tête, et clairement, elle y trouva une forme de soulagement.
Elle ramassa prestement l'arme de service sans s'attarder sur le corps du flic. Celle ci était plus lourde, plus puissante, elle prit place dans sa main droite, le Beretta, plus léger, se retrouva main gauche. Vanessa croisa les poignets, pour avoir la force de ses deux bras à chaque tir, main gauche en dessous pour que la droite retienne le recul.
Elle shoota dans le flic et interpella Angus :
"Doc, planque-toi derrière ce sac à merde et balance un tir de barrage de temps en temps."

Ce dernier semblait totalement dépassé par l'urgence qu'imposait la situation. Il regardait tour à tour en direction des deux tunnels, et il sentait clairement que plus rien n'était maitrisé. Le stress que dégageait les autres membres du groupe l'étouffait inexorablement.
"BAAAAAMMM !...SCHPPPOKKKRR !.......BAAAAAMMM !...SCHPPPOKKKRR !..."

Deux nouveaux coup de fusil explosèrent contre la roche, mais les coups se rapprochaient, tout comme les bruits venant du tunnel Nord.
Pascal commençait flipper grave quand il entendit les différents bruits venir d'un peu partout à la fois et il cria aux autres:
"On devrait se mettre deux d'un côté et deux de l'autre, sa maximisera nos chances de survie..."

Pascal se mit à couvrir les arrières de ces compagnons, prêt à tirer sur le premier truc qui passerais par le tunnel venant du nord.
Vanessa, elle, avisa Enzo :
"T'as encore de quoi faire pêter la paroi ? Histoire qu'on n'ait qu'un flanc à gérer ?"

Enzo ne fit pas répéter la belle, et il se saisit d'un étui d'une des poches latérales de son sac. Il en sortit un pain de plastique et le fixa à la paroi. Il ne restait plus qu'à enclencher l'interrupteur armant le détonnateur du C2.
Le bal allait commencer. Les instrumentistes étaient prêts. La partition attendait. Les danseurs s'approchaient...Musique !
"...BAAAAAMMM !...SCHPOOOKKKR !....BAAAAAAMMMM !....AAAAHHHHHH ! merde !J'suis touché putain!"

Enzo venait d'essuyer une volée de plomb, dont une grande partie lui souffla le bras. Il recula sous l'effet de choc, alors qu'au même moment, deux êtres difformes et chauves, aux visages blêmes dont la bouche semblait avoir été cousue, habillés d'un seul pantalon et dont le torse dégagé laissait entrevoir des muscles qui présageaient d'une force colossale, armés de fusils à pompes à canon scié, approchèrent dangeureusement de la charge.
Enzo eut immédiatement le réflexe de tourner la bague vissée à son index. Une lueur étrange, presque malsaine, parcourut alors son regard, avant de céder sa place à un certain apaisement. Un rire irrépressible s'empara d'Enzo.
"Putain c'est bon ce bordel !...Nght'a...aaaahhhhh...Faut faire pêter cette chargnnnh'...tha...HA ha ha..."

...et il laissa s'échapper un filet de bave sur ce dernier rire avant de tente de repartir au feu. Il se sentait invincible...
Le doc continuait à se planquait derrière le corps de Vincent, alors que Pascal devinait des ombres dans le couloir dont il avait la charge.
Il fallait faire exploser cette fichue charge de C2 !...Qui se trouvait être à mi chemin entre Enzo et ces deux créatures démoniaques et innomables.

Pascal se tourna vers Enzo lorsqu'il présagea que le comportement du combattant commençait à devenir réellement préoccupant. Avec une présence d'esprit habile et prompt, il fit savoir au doc:
"Fais chier !... Doc, prenez ma place je m'occupe d'Enzo ! ...et faites gaffe, y a des trucs qui approchent !"

Puis Pascal se mit à courir en direction d'Enzo, pour tenter de le tirer en arrière... le plus près possible à couvert et ainsi le protéger de lui même.
Angus, pris d'un léger vent de panique, fouilla dans son sac et y dénicha le dernier Beretta, qui n'avait pour l'instant pas servi, mais qui possèdait seulement 6 cartouches dans le ventre. Il fallait les utiliser avec parcimonie. Le doc regretta sur le moment son scalpel et sa scie circulaire ainsi que sa table d'intervention et le calme de sa salle d'autopsie.
"Euh...Par Saint Georges...Ils arrivent !"

Dans sa dernière ligne droite, un groupe de goule avançait lentement, les griffes acérées en avant, en direction de la caverne.
Le doc joua sa carte chance à ce moment. Lui, dont les armes n'étaient pas l'instrument de prédilection, allait tenter une action désepérée. Il se retourna et ajusta son Beretta en direction du pain de plastique. Pour le doc, le temps suspendit son cours et ce dernier se concentra, faisant fi de ce qui se passait autour de lui.
Vanessa savait que c'était Enzo qui avait la puissance de feu. Elle,elle était rapide. Elle se remémora donc rapidement l'épisode de l'étage au dessus et la manière dont les charges de C2 fonctionnaient. Elle rangea son beretta et voulu s'élançer vers les explosifs.
C'est alors que son regard croisa la posture déterminée de Angus, et l'espace d'un instant, elle eu plus peur encore que de devoir affronter les dangers que représentaient les assaillants au complets.
Elle savait à cet instant que rien n'allait pouvoir empêcher le tir. Pourvu que...

Tout allait très vite, trop vite...
"BBAAAAAMMMMM.....SCHHHPOOOOKKKK !...BBAAAAAMMMMM.....SCHHHPOOOOKKKK !..."

Deux nouveaux tirs de fusil partirent vers le groupe sans effets néfastes si ce n'est les projections de caillasses qui rasèrent les mines fatiguées des assiégés.
Enzo répliqua rapidement, un sourire inquiétant sur son visage.
"BAAMM !...BAAAMMM !..."

La précision du militaire était autre que celle des créatures armées, et ses coups firent mouches, malheureusement pour lui, cela ne fit que les repousser et ainsi retarder le réarmement des fusils à canons sciés.
Pascal arriva à cet instant sur Enzo, et mis toutes ses forces qui lui restaient pour mettre ses bras autour du combattant et le faire tomber en arrière.
L'espace d'un laps de temps très court, il crû bien ne jamais pouvoir y parvenir, mais cela décupla son ardeur et la surprise aidant, il arriva à ses fins.
Enzo lâcha un dernier coup de feu.
"BAAAMMM !..."

Le coup passa très près de la belle, trop près à son goût, mais pouvait elle vraiment en vouloir à Pascal ou à Angus ?...Certainement ! Mais plus tard, quand le calme sera revenu et qu'ils seront sain et sauf.
Pascal mit également l'effet de surprise à son actif pour se saisir du poignet d'Enzo et d'ôter sa bague. Les deux étaient au sol, le dos d'Enzo couché sur le ventre de Pascal...Et c'est à ce moment, la lucidité certainement revenue, qu'Enzo envoya un coup de coude magistral dans le nez du professeur qui n'y pouvait rien...Le nez explosa dans une effusion de sang rouge vif...Pascal était KO...
...
02h32...
...
""BAAAMM !...SCHPPOOOKK !...BAAAMMM....BBBBOOOOOOOOOOUUUUUUUUMMMMMMMM !!!..."

Le doc avait tiré !...Le premier coup avait raté, mais le second avait touché la charge de manière magistrale, digne d'un très grand tireur.
Vanessa eu tout juste le temps d'effectuer un plongeon digne d'un chat, pour dégager le champ de tir du doc et se mettre à couvert du C2 et des dommages collatéraux de celui ci.
Vous avez dit Kamikaze ?...
La roche du tunnel sud s'effondra dans un amas de poussières, obstruant presque totalement le passage. La lumière était encore visible par endroit, mais les créatures ne pouvaient plus les atteindre, du moins l'espèraient ils !...
Vanessa fut fortement secouée par le souffle de l'explosion et son jolie visage semblait marquée. Elle bougeait mais était visiblement hors course pour affronter le groupe de goule.
Enzo s'était dégagé violemment de l'emprise de Pascal qui restait lui aussi au sol. Enzo analysa vite la situation.
Deux compagnons hors course, ne lui restait comme aide que le légiste qui avait été étonnant sur cette action désepérée.
Rassuré de voir que Vaness' était vivante et que Pascal n'avait que le pif en mauvais état, il prit son arme munie de la night shot et l'actionna. le rayon lumineux traça sa route dans la poussière et se figea à hauteur d'épaule du doc.
Angus vit le rayon sur lui, stupéfait, il ferma les yeux. Son heure avait sonné...mais sa dernière action aura été des plus magnifique.
"BBBAAAMMM !.. BBAAAMMMM !..."

Le coup siffla aux oreilles du légiste, et acheva sa course dans le crâne de...la goule qui s'apprêtait à lacérer les omoplates du doc.
La goule tomba au sol.
Le doc rouvrit les yeux...ce n'était pas lui la cible. Enzo l'avait sauvé.
Il se tourna et vida son chargeur de quatre coups tirés au petit bonheur la chance.
Deux portèrent, mais c'est Enzo qui parachevait le boulot, à l'aide du fusil à pompe, le doc s'étant mis à couvert et lui même étant hors de portée des griffes.
Cinq corps abominables gisaient au sol.
Le fusil n'avait plus de munitions, Enzo était crevé...Le doc commençait à réaliser. Pascal se redressa en tenant son nez avec un mouchoir et Vanessa restait au sol, gémissante mais consciente.
L'heure était venu de penser les plaies, mais déjà les créatures de la grotte s'afféraient pour déblayer le terrain.
02h37...

Pascal lissa ses poches et se tamponnait délicatement le nez avec son mouchoir. Il dit à ses compagnons:
"On a pas beaucoup de temps !... on doit bouger vite fait. Enzo, prend Vaness'... on doit regagner un endroit plus calme pour que le doc puisse s'occuper des soins."

Angus était déjà au chevet de la belle. Il parut rassuré en voyant son état.
"Je pense que Pascal a raison. On peut la déplacer sans risques. Elle a été secoué mais ça devrait aller...De plus, un peu de calme ne serait pas un luxe."

Il regardait en direction des éboulements, et cela le rendait nerveux à l'idée qu'un passage puisse être libéré.
Enzo attendit la décision du légiste et enlaça la belle qui reprenait lentement ses esprits. Tout en douceur et en délicatesse, il la câla dans ses bras puissants.
Au passage, Pascal fixa le combattant et inspectant son nez de l'index et du pouce.
"Putain Enzo, je viens t'aider et tu me cognes... on s'expliquera plus tard..."

Enzo le regarda sans vraiment le voir. Il paraissait plus soucieux de l'état de Vanessa que de celui du nez de Pascal.
"Euh...J'suis désolé pour le nez..."

Les quatre survivants quittèrent l'endroit du carnage pour regagner les tunnels et partir vers le nord, laissant derrière eux le corps sans vie et à moitié enseveli de Vincent. Les bruits de déblayement avaient étrangement cessés, et ne cela ne présageait rien de bon.
Arrivés à l'intersection, ils pénétrèrent un peu plus en avant dans le tunnel où menait le fil d'Ariane laissé par la créature blessée et là, le doc s'occupa de Vanessa, d'Enzo et de Pascal.
02h46...
Vanessa fut remise sur pieds assez rapidement, ce qui étonna au passage le doc. Elle était résistante. Mais ses côtes étaient encore douloureuses et l'effet des 1000g de Di-Antalvic ne se faisait pas encore sentir. Il nettoya du mieux qu'il le pouvait les stigmates qui ornaient le beau minois de Vaness' avant de s'occuper de celles d'Enzo. Enfin, pour finir, il inspecta avec minutie le nez du professeur et vit avec soulagement que celui ci n'était pas cassé malgré la violence du choc.
02h51...
Après un ravitaillement express, ils décidèrent tous de bouger et de continuer à suivre les traces de sang, dernier couloir et donc dernière possibilité. Enzo prit la tête du petit groupe et Pascal en prit l'arrière, laissant au doc le soin de vérifier que la belle était bien revenue fraîche et disposée comme elle l'avait été jusqu'à présent.


Au bout de cinq minutes d'une progression lente et prudente, le groupe arriva au sommet d'un escalier.
Des marches de granits'enfonçaient encore plus bas dans le sous sol. La largeur de cet escalier tortueux variait entre un et deux mètres, et les marches étaient de taille et de hauteur irrégulières. La présence une fois de plus de cette odeur de chair en putréfaction se faisait sentir.
En descendant les marches, Pascal fit remarquer à ses compagnons que le granit sur lequel il posait leurs pieds était en fait celui de pierres tombales certainement volées au cours des années, depuis que cette matière est devenue une pierre de prédilection pour les tombeaux. Une angoisse jaillissait soudainement dans le coeur de chacun...Un tombeau !...
Certaines étaient mêmes devenues lisses sous le passage d'innombrables pieds griffus.
Après une longue descente vers ces profondeurs insondables, tous arrivèrent au bas de l'escalier. Angus fit remarquer:
" ...99 marches...Ouf ...!"

Le groupe aboutit à une grande salle dont les mûrs anciens étaient faits de pierres fixées au mortier et dont le sol était en terre battue, recouvert d'une immense quantité d'os humains. Le plafond arrondi de la pièce était tenu par d'énormes arches gothiques, et l'atmosphère méphitique des terriers des goules se mélangeait aux miasmes de la chair en décomposition. Cette grande salle n'avait apparemment pas d'autres fonctions que de servir de passage: Trois pistes dégagées la traversaient pour se diriger vers trois entrées de tunnel distinctes, marquées par des bouches noires et béantes.
02h56...
Une créature sortit de l'ombre et s'approcha du groupe. Elle les fixa en penchant la tête. Une deuxième était maintenant visible également à l'entrée du tunnel du milieu, une grande cloche rivée à son poignet...Et une troisième, apparement de sexe féminin, apparaissait au sortir du tunnel de droite.
"...Q'et'é ou !?...E e'ez air i'i ?"

La goule la plus proche attendait sans rien faire. Celle à la cloche s'approcha d'elle pour venir se placer à ses côtés. Il dit d'une voix gutturale donnant la chair de poule.
"dit mo' d'ass ! 'llez, dit !..."

Sur ces dernières paroles, légèrement plus compréhensible que celle de l'autre goule, la goule à la cloche brandit son bras en l'air faisant mine de sonner l'alerte. Il attendit une réponse...
02h58...

Vanessa començait sérieusement à être à cran. Le voyage en Enzo n'avait pas été si désagréable. Au niveau stratégique, ça avait été une vraie connerie : si des ennemis étaient venus, la force de frappe du groupe se retrouvait handicapée. Mais bon, pas d'ennemi...alors tout allait bien. Doc s'était bien occupé d'elle aussi. Finalement, ça faisait du bien de temps en temps de se laisser dorlotter. Manquait un peu de croissant et de roses fraiches mais bon...Ces créatures avaient le vilain don de l'irriter.

Pascal prit les initiatives et dit à ses compagnons sur un ton se voulant délibérement le plus bas possible afin que les goules ne puisse l'entendre, mais en restant aussi naturel que possible pour que celles ci évitent de donner l'alerte:
"Ne dites rien.... ne bougez pas... je vais tenter de communiquer !.... Sinon, on se retrouvera dans la même situation, voire même pire que celle dont nous venons à peine de sortir."

Pascal se concentra alors le plus possible sur les paroles des goules, pour espèrer comprendre au mieux, et ainsi pouvoir établir le dialogue, même si leurs propos étaient très rustique.
Angus s'approcha alors lentement de Pascal et lui souffla quelques mots à l'oreille, assez fort pour que Enzo et vanessa puisse entendre, mais toujours sans quitter les goules des yeux, avec cette menace d'une nouvelle alerte donnée par la cloche:
"Je ne parle pas le Goule courramment mais il me semble que l'on nous demande un mot de passe. Sans trop y réfléchir "Nyoghta" omniprésent en ces lieux, me vient immédiatement à l'esprit mais c'est peut-être trop simple... Celà pourrait aussi être le mot que j'ai prononcé lors de ma crise de panique et qui semble correspondre à ces boyaux putrides "Subterranea". A moins que celà ne soit le nom du fichier secret que Denis n'a pas réussi à ouvrir "Varsovie" ? ou encore autre chose ? Franchement je n'ai aucune certitude..."

Pascal écouta les dires du légiste avec attention, car c'est lui que regardait la goule. Cette dernière semblant devenir nerveuse et suspicieuse devant tant de manigances et de comploteries.
Cette situation de tension extrême refit tomber Vanessa dans une réalité qui dépassait ses cauchemars. Il fallait soit trouver un mot de passe, soit faire en sorte que la cloche ne sonne pas.
Pour le mot de passe, faudrait pas trop compter sur Vanessa. Son regard en direction du Doc était formel à ce sujet.

Par contre, pour se précipiter sur la cloche pour ne pas qu'elle sonne quand Enzo criblera son porteur de balles... Elle fit un petit signe de tête et lui montra, dans son dos, sa main ouverte : à 5 : action. Puis elle referma la main et commença à compter.
1...2...3...
Enzo tendit sa main vers celle de Vanessa et la lui referma délicatement. Il lui murmura sans la regarder, en fixant la goule, son arme à la main.
"...Attends !"

La goule remontra ses crocs prohéminents, et de son air le plus menaçant, regarda la cloche.
"E Atig !...dit mo' d'ass ! Inon e'one lert' !"

Il regarda Pascal avec insistance, cela semblait être la dernière injonction avec le raffut de la cloche. Il attendait sa réponse.
03h00...

Pascal réfléchissait du mieux qu'il le pouvait. C'était pour lui une immense responsabilité que de devoir donner le fameux mot qui assurerait la survie ou non du groupe. Une goutelette de sueur traçait son chemin entre la tempe et le menton du professeur. Ses mains étaient moites et nerveuses. De toutes les propositions que le doc avaient énumérées, chacunes étaient possibles, puis en y réfléchissant de plus près, une idée lui vint à l'esprit et il finit par se jeter à l'eau, il regarda la goule dans les orbites et lui dit sans ciller:
"Subterranea !..."

En fait, si le doc avait dit ça dans un état second, il était plausible que cela soit dû à l'endroit en lui même, et donc, ce mot serait le plus en adéquation, à par bien sûr "Nyoghta", mais vue la complexité de l'endroit, cela paraissait trop simple. Il guetta la réaction de la goule et s'adressa à ses compagnons en leur soufflant tout bas:
"Putain, faite que ça marche..."

La goule eut un sursaut à l'annonce du mot. La tension était à son comble. il contempla la cloche et...
"' 'uteanea !?..."

Il abaissa sa main, un air agacé traversa son terrible faciès...
"...Et 'a !...Grrrr... U'a di ot e ass !...Grrr...e 'emin ou son uver !"

Il s'effaça de devant le groupe et montra clairement que le passage était libre. Des trois tunnels sortaient maintenant un grand nombre de goules. Toutes étaient tapies dans l'obscurité dans l'attente du carillon de la cloche qui aurait dû marquer le début du repas et donc, des festivités. Le groupe en dénombrait une bonne douzaine et toutes se désinteressaient à présent des quatre survivants.
Etait ce un leurre ou l'accès leur était il ouvert ? Le groupe avait à présent le choix du chemin, mais en y regardant plus attentivement, une chose manquait !...
Le fil d'Ariane avait disparu !...Plus aucune trace de sang n'était visible depuis les escaliers.
03h02...

"Bien joué Pascal c'était le bon choix. Vous nous avez évité... hum... des désagréments certains. Nous avons à présent une autre décision à prendre, celle du chemin à suivre. L'apparition des trois goules sorties de chacun des accès doit avoir une signification, peut-être rituelle. Je serai d'avis d'emprunter la voie du milieu, c'est celle d'où est sortie la Goule qui portait la cloche auquel notre destin est resté suspendu un court instant... J'y vois là comme un signe mais çà n'a rien de scientifique, c'est une intuition."

Tous se regardèrent et aucun ne semblait en désaccord avec le choix du doc. Ils optèrent donc pour le tunnel du milieu. Les goules ne les lachèrent cependant pas des yeux, et, au fur et à mesure de leur avancée, un rictus malsain pouvai même parfois se lire sur leur faciès. En tout cas, personne n'avait vraiment envie de se laisser enterrer dans ce tombeau...avec ces créatures.
Le tunnel continuait à s'enfoncer dans les méandres. Y régnait à présent une odeur encore plus répugnante, et Vanessa mit rapidement la main sur sa bouche. Cela devenait vraiment dur. Le stress, l'atmosphère, l'ambiance. Mis bout à bout, cela mettait les nerfs à rudes épreuves. Plus d'un aurait craqué...mais il fallait tenir bon. Il fallait restait uni. Pour le salut de tous...
Au bout d'une centaine de mètre, le groupe arriva dans une vaste salle troglodytique que l'on pouvait apparenter à des baraquements.
Mais "baraquements" était certainement un terme trop militaire pour désigner l'endroit où dormaient les goules: il n'y avait pas de rangées de lits bien alignées, et ni szergent ni caporal n'existaient pour s'assurer que les troupes étaient couchées à l'extinction des feux. Cette grande salle était le repaire des goules, un endroit disposant d'un plafond aussi haut que celui d'une cathédrale. Des parquets étaient construits autour des 66 colonnes de soutènement, arrangés comme des tentes qui grimpent au plafond, ce qui faisait que le sol ressemblait maintenant à une ondulation située à moins de 4 mètres des décorations des chapiteaux des 66 colonnes: des feuilles de pierre, des sculptures de chasseurs malsains et des chérubins réarrangés plus récemment par des sculpteurs démoniaques.
En entrant dans la pièce, le chemin montait en pente raide. En grimpant sur des tas irréguliers de débris et d'ordures indescriptibles, il était aisé de s'apercevoir que le sol se trouvait à plus de 9 mètres au dessus de son niveau originel.
Des bières anciennes étaient éparpillées alentour et, au centre de la salle, un grand sarcophage de granite, certazinement volé dans une tombe depuis longtemps oubliée, avait été laborieusement ramené à cet endroit pour des raisons incompréhensibles pour des êtres humains.
Là, d'innombrables goules traînaient et déambulaient. Ces créatures détestables étaient également consentantes à toutes les demandes de la vie et de la mort, et se livraient avec une multiplicité dégoûtante et lubrique à des actes trop horribles à décrire ou à cataloguer.
Aucune goule ne semblait s'intéresser de l'incursion du groupe dans les baraquements. Les regards passaient sur eux comme un coup de couteau éraflant régulièrement une plaie blessée.
Il suffirait sûrement de pas grand chose pour mettre le feu au poudre. La prudence était de mise.
Deux tunnels s'échappaient sur les flancs gauches et droites, et un autre continuait dans le prolongement du tunnel initial.
03h08...
Une goule plus grande que les autres et plus inquiétante également venait de s'installer dans le grand sarcophage. Sur la droite, à une dizaine de mètres, un groupe de goule venait de débouler, un nouveau né à la main. Les goules riaient et piaillaient tout en martyrisant la pauvre chose. Sur la gauche, d'autres goules faisaient régulièrement irruptions, du sang plein la gueule et des vestiges de nourritures innomables accrochés aux griffes.
03h09...
Etrangement, le tunnel faisant face au groupe était celui dont les goules n'osaient s'approcher...

Enzo regarda la créature sur le sarcophage et dit à ses compagnons:
"Je pense qu'il serait plus prudent d'écarter les deux tunnels sur nos flancs avant de s'attaquer à celui dont les goules ne s'approchent pas."

Chacun s'entendait sur cette décision et ils prirent l'initiative de débuter par le flanc droit, progressant prudemment sans trop s'attarder du regard sur la multitude de goules présentes dans cette vaste salle.
Le tunnel s'échappant vers l'est ne comportait aucun indice intéressant, si ce n'est la présence quasi constante de goules.
En arrivant au bout, le groupe distingue une étrange lumière jaunâtre dans la pièce, et tous perçoivent d'horribles bruits de craquements et de déglutition, mélangés à des grognements, des voix gutturales et quelques éclats de rire qui se rapprochaient plus de l'aboiement d'un chien.
Visiblement, les baraquements débordaient de tant de monde que goules devaient venir se nourrir dans cette salle, et la vision qui s'offrait aux quatre compères avait tout d'un cauchemar.


C'était une grande salle qui ressemblait également en tout point à une cathédraleinexplicablement ensevelie dans les profondeurs de la terre. Une simple ampoule éclairait la pièce, accrochée au bout d'un fil qui pendait du plafond, illicitement reliée à une prise de la compagnie d'électricité.
Des os humains bien rongés et des morceaux de cadavres à moitié dévorés étaient empilés à hauteur de genou et des hordes de rats difformes grouillaient un peu partout.
La puanteur et le manque de respect pour la vie donnaient envie de vomir et tout le monde était marqué à jamais...une fois de plus.
Les résidents principaux étaient assis sur des piles d'anciennes pierres tombales, devant une collection grotesque de cercueils et de plaques de marbre qui servaient de chaises et de tables. Une bonne soixantaine de goules se trouvaient dans cette immense salle à manger, et toutes festoyaient avec enthousiasme, s'empiffrant de rats vivants, de membres et d'organes humains, et du contenu des intestins.
Les goules ne prêtaient aucune attention au groupe, et ce dernier ne s'attarda pas en ce lieu maudit...Ils firent demi tour, laissant les goules à leur odieux festins, ils regagnèrent avec entrain les baraquements.

Le doc avait des sueurs froides.
"Par Saint Eustache, j'en ai vu des choses, mais celle là..."

Il ne prie pas le soin de finir sa phrase, qui était des plus éloquentes.
Ils prirent le tunnel ouest, évitant à nouveau tout contact avec la population maudite. Vanessa n'en finissait plus de serrer la crosse de son arme. et dire qu'un simple coup de feu pouvait mettre le feu au poudre !...
Au bout du tunnel ouest, le sol devenait étrangement propre. Il n'y avait dans cette nouvelle salle aucun des déchets typiques des goules. Quelques bougies de cire jaune, faites certainement de graisse humaine, éclairaient l'endroit d'une lueur douce et vacillante.
Dix neuf petits cercueils de taille, d'âge et de construction variés étaient rangés au hasard dans la pièce.
Ils protègeaient la plus jeune des générations, composée de douze bébés goules facilement identifiables, mais également de six bébés d'apparences humaines, dont deux clairement identifiables grace à leur gourmette de naissance, et à leur pince ombilicale encore en place au niveau de leur petit ventre. Ces malheureux nouveaux nés avaient certainement été enlevés à leur parents par ces abjectes créatures.
Tous les enfants étaient étonnament propres, vu les circonstances.
Les bébés d'apparence humaine avaient attrapés froid et ils reniflaient, ce qui semblait amuser les quatre "nounous" présentes dans cette nursery.
En effet, trois goules surveillaient en permanence cette pouponnière diabolique, supervisées par une quatrième, qui portait des haillons noircis ressemblant à des fragments d'une vieille robe de bal de la fin du 18ème siècle.
Cette goule en partie habillée avait d'étonnants tics humains.
03h27...

Angus essuya ses lunettes et fixa son regard myope dans le vide, depuis leur dernière découverte, il avait du mal à se départir d'une nausée. Il essaya de se concentrer sur sa respiration pour chasser les idées noires, mais au milieu de l'enfer, ce n'était pas une chose aisée, surtout que le voici confrontée à une nouvelle abomination.
"Nous ne pouvons pas laisser ces enfants ici... mais tant que nous n'avons pas de porte de sorties il serait malvenu de faire subir à ces nouveaux nés les risques de notre exploration".

Pascal aussi n'était pas à l'aise, il fut absolument dégouté par cette vision horrible qu'était la salle a manger, mais il le fut encore plus par cette nursery maudite et il dit tout bas à ses compagnon, et surtout a Enzo:

"Putain de merde... quelqu'un a pas un silencieux pour son flingue ?...Il faut qu'on se débarrasse de ça !..."

Son regard était braqué sur la créature qui avait un aspect humain sous certaines approches.
"...et au moins, avec un silencieux, les autres goules ne l'entendrons peut-être pas... Mais en tout cas, je ne peux décemment pas laisser vivre une chose comme ça..."

Enzo lui répondit.
"Sur ce coup, t'as raison mon vieux. Ce truc ne m'inspire pas. Mais faut faire gaffes aux gamins !...Ca risque d'être chaud. Angus, Vaness', une idée ?..."

Une idée ?...Vaness' aimerait bien en avoir une pour s'extirper de ce cauchemer.
Des bébés ? De mieux en mieux. En plus c'était des goules masos. Comment pouvait-on être morts et chercher encore à être reveillé la nuit, nettoyer des couches sales et écouter ces choses rosatre beugler quand elles ont faim ?
Finalement Vanessa avait presqu'envie de saluer le courage de ces pauvres goules.
Bon, sauver les bébés. Pourquoi pas ? On avait bien sauvé les deux autres cloches dont une au moins avait servi à autre chose qu'à nous plomber le cul. Mais bon, ça marche pas un bébé, et quand on en a six dans les bras, on tire beaucoup moins bien. Du coup Vanessa était confrontée à un vrai dilemme : sauver sa peau, ou celle de quelques gosses qui deviendraient surement serial killers vu le mauvais destin qui les accompagne dès le plus jeune age.
Tiens, le choix était déjà fait. Décidement Vanessa pouvait être fière de ses capacités d'analyse.

Cependant, la présence de ces nourrissons laissait à réfléchir. Que foutaient-ils là ? Vanessa chercha les raisons les plus glauques et en trouva trois qui collaient bien au décor et qui respectaient les standards du genre.

Petit un : il fallait six âmes pures pour faire un sacrifice pour l'invocation d'une sombre divinité. Genre, un marmot à chaque pointe de l'étoile cabalistique, ou un truc du même accabit.
Petit deux : N'guyen, qui ne faisait pas son âge, avait besoin d'une cure de jouvence à base de bébé.
Petit trois : Choper des bébés dans les maternités françaises, s'était un tantinet compliqué depuis le dix-huitième siècle et il fallait que les goules se reproduisent entre elles. Ca expliquerait la présence de bébé goules... en même temps l'acte de reproduction entre goules laissait un sentiment mitigé à Vanessa.

Finalement laisser ces bébés là servait N'Guyen. Alors bon, fallait peut-être en sauver un ou deux...ou les achever tous sans trop les faire souffrir. Qu'en pensaient les intellos de la bandes ?
Angus profita de toutes ces reflexions pour vérifier les cercueils. Son regard et sa capacité d'analyse faisait du bien au groupe. Mais que pouvait il seulement penser de tout ça ?...
La goule à moitié humaine se tourna vers le doc lorsque celui ci s'approcha d'un des cercueils contenant un bébé d'apparence humaine.
"Zetes içi our voler hébés ?..."

Elle avait un regard menaçant à son encontre, un regard sûr d'elle, qui dégageait un certain potentiel effrayant...
03h30...

Quand Pascal entendit la goule parler, il lui répondit promptement tout en essayant de rester le plus naturel possible afin ne pas montrer qu'il était mort de peur :
"...Non, nous ne sommes pas là pour voler les bébés, mais pour voir si tout se passe bien, si il ne manque de rien... Enfin pour voir si tout se passe correctement, je suis sûr que vous comprenez"

Pascal décida de se taire et de voir comment la goule allait réagir et, comme elle semblait plus humaine que les autres, il pensa qu'elle comprendrait que des gens puisse s'inquiéter pour le bien-être des bébés... même si elle n'était plus tout à fait humaine...
Tous attendaient la réaction de cette matriarche.
Elle regarda attentivement Pascal et se dirigea vers un cercueil contenant un des bébés goules. Elle s'en saisit lentement et avec douceur, lui susurrant des mots se voulant apaisant à l'oreille.
Elle le porta et se dirigea vers Pascal. Elle lui tendit le bébé, un sourire de mère se dessinant sur son visage.
"Renez le !...Il est i ignon ce etit...et i va hien...Egardez et onstatez !..."

Elle attendait que Pascal le prenne dans ses bras.
"Ous ouvez hire à...Aténori que out se asse hien..."

Elle marqua une légère hésitation sur cette dernière réplique. Un regard suspicieux balayant, tel un voile, son regard inquisiteur.

Angus s'approcha et répondit à la créature d'une manière sûr et emprunt d'une certaine défiance.
"Oui assurément vous vous en occupez très bien, Akimori sera satisfait".

Puis, sans s'attarder sur la réaction satisfaite de la chose, il s'adressa à ses compagnons.
"Je ne vois pas très bien ce que nous pouvons faire dans une situation pareille"

Enzo regarda attentivement le doc et s'hasarda à une question téméraire.
"Peut être sait elle quelques choses...sur tout ce...cirque !?"

Il balaya les lieux d'un air incrédule...Mais il n'y croyait guère.
Pendant ce temps, Vanessa farfouilla dans son sac à la recherche d'une chose précise, mais sans résultat visible. Elle finit par mater le sac d'Enzo avec envie.

Vanessa n'aimait pas les menaces et la nounou était une menace. Et elle n'avait pas de silencieux... Elle mima l'acte de visser l'extension à Enzo et tenta de gagner un peu de temps. Elle pointa un regard accusateur à la nounou d'enfer, puis jeta un regard circonspect aux bébés. Elle souleva le bras d'un bébé en bonne santé d'une manière négligente et le laissa retomber mollement. Puis elle poussa un soupir d'exaspération.
"Franchement je ne sais pas si le maître sera content. Ils ne semblent pas prêts."
Et elle designa les bébés d'un geste suffisament ample pour qu'on ne sache pas de quels bébés on parlait.
La nounou se tourna vers Vanessa, la regardant d'un air sévère. Elle se déplaça jusqu'au cercueil vide et y déposa délicatement le bébé goule qu'elle avait dans ses bras.
Elle se tourna et se plaça face à la belle. L'image qu'offrait les deux femmes était sidérante. On aurait cru voir, au niveau des couleurs de la peau, Vanessa au bout de quelques jours de décompositions...
La nounou ouvrit la bouche, sûre d'elle et de ce qu'elle allait dire.
"...As prêts ?!...Ous oulez rire !...Il s'agit là e la eilleure ignée que l'on ait eu !...Il y a ême eux enfants pûrs ! le aître era très ontent."

Cependant, Vanessa poursuivit, certaine de ce qu'elle avait à déclamer.
"Vous avez baclé le travail."

Son regard se fit, lui-aussi, menaçant alors qu'elle s'approchait de la vieille peau qui commençait à montrer des signes de nervosités et d'agacements. Au close-combat, Vanessa connaissait au moins douze façons de lui briser la nuque avant qu'elle ne crie.
"Il va falloir justifier vos lacunes, Mademoiselle."

En plus de l'agacement, les tics humains de la nounou se précisaient. Elle se massait les mains, nerveusement. Elle montrait maintenant des signes d'inquiètude, regardant les différents points d'accès à la nursery.
" ...ces bébés eront des bons erviteurs, en uis ûre...y eront idèles au aître...As inquiè'ude à avoir."

Les trois autres goules écoutaient ce que disait la nounou. De l'inquiètude pouvait également se lire sur leur faciès de goule.
" Etournez au ortail et ites lui ça !...As inquiè'ude à avoir...llez !..."

L'inquiètude fit place à la supplique. Aussi abjecte qu'elle fut, elle devait tenir énormément à ces rejetons.

Vanessa se retourna et se dirigea vers la sortie.
C'est d'un ton cassant qu'elle conclue l'entretien :
"Ils seront de bons serviteurs...si ils survivent. Commencez par les protéger du froid."

Presque instantanement, deux femelles goules se précipitèrent vers une petite étagère et prirent des couvertures pour les déposer délicatement dans les cercueils. Le message était passé.
La nounou regarda avec attention Vanessa s'éloigner. Le doc scruta le manège des goules et se fit une raison quant au fait que pour le moment, les bébés étaient entre de bonnes mains et que certainement il ne leur arriverait rien tant qu'ils seraient dans la nursery.
Pascal suivit la belle et Enzo en fit de même.
Personne ne voulait se risquer à creuser plus profondément avec la nounou, aux risques d'apprendre des choses, utiles ou non, qui entraineraient le groupe dans une nouvelle psychose.
Et maintenant ? Où aller ?...
Ne restait plus que la dernière alternative, le tunnel évité par les goules...Une nouvelle galère en perspective ?!
Après être repassé par les baraquements où les scènes frolaient toujours l'insoutenable, le tunnel emprunté en direction du nord était désert. Des babioles en forme de talismans pendaient régulièrement du plafond, et le groupe se frayait un passage au milieu de ceux là.
L'inquiètude atteignait désormais son paroxysme. Chacun sentait que le dénouement s'approchait, et tout ça commençait sérieusement à leur peser.
Une nouvelle bifurcation se proposait aux survivants. Cette fois ci, c'était Enzo qui trancha, embêté par les multiples tergiversations et hésitations de ses camarades. Il opta pour la galerie EST qui était dans les ténébres et il voulut tout de suite éliminer touts dangers pouvant survenir de ce côté ci. Le tunnel ouest, lui, était bercé d'une lumière vive orangée, avec une bougie de cire noire tous les mêtres rivée au murs. Mais cette option qui n'inspirait personne fut mis de côté pour l'instant.


le groupe arriva rapidement dans une vaste salle déserte dont le centre était occupé par une immense arche qui crachait une lumière d'un clair obscur permettant de se diriger dans cet endroit et qui barrait de part en part toute la salle et empêchait ainsi tout contournement de l'édifice.
Derrière cette arche de pierre noire descendait une nouvelle volée de marches qui s'enfonçait encore plus dans les entrailles de la terre.
Une inscription tordue et curieusement insubstancielle était gravée au sommet de cette arche:

En plus du signe présent sur l'arche, un dessin naïf -certainement effectué par une goule- représentait une goule qui passe sous l'arche et qui se retrouve séparée en deux créatures, dont l'une paraît assoupie ou morte, tandis que l'autre avançait toujours. La goule écroulée sur le sol contenait 13 petits points, et l'autre n'en avait pas. La créature debout pénétrait dans un nouveau monde où il y avait de la nourriture partout rejetée par une corne d'abondance qui crâchait de la viande humaine.
03h47...

Pascal n'était pas très tenté à l'idée de se faire diviser en deux, enfin si cela était possible, temps que l'on était encore humain... et sur ce, il dit à ses compagnons:
"Je serais d'avis de suivre l'autre chemin plutôt que celui ci, car visiblement, les goules sont divisé en deux... du moins si on en croit ce dessin... mais des humains ?... que nous arriverait-il si nous franchissions l'arche ?... de plus, nous trouverions peut-être un moyen de "désactiver" cette arche par l'autre tunnel... et si on ne trouve rien, on pourrait toujours tout faire péter avec le C4 d'Enzo et en profiter pour mourir... au moins on serait débarrasser de tout ce merdier... enfin non... non... ce n'est pas une bonne idée... nous devons vivre pour raconter ce que nous avons vécu ici..."

Pascal partit ensuite dans un délire en marmonnant et en tentant de se convaincre lui même de la marche à suivre... mourir ?... ou vivre ?...
Après ce petit monologue à faire flipper un suicidaire, et dans un sursaut de lucidité, il se souvint d'une chose qui pourrais peut être s'avérer utile et ainsi aider le groupe, il dit aux autres:
"Mes connaissances occultes me permettent de comprendre ce que signifie ce dessin: passer cette arche et entrer dans cet autre monde détruit le corps terrestre de la personne mais transfère de façon sûrement permanente sa conscience là où une vie nouvelle l'attend... donc, avant de passer par là, je propose donc de prendre l'autre chemin en premier et si nous n'avons pas d'autres solutions, passer cette arche... car à mon avis, nous ne pourrons pas en revenir..."

Vanessa regarda Pascal du coin de l'oeil.
"Heureusement que t'as fais des études toi..."

Le ton de Vanessa était sarcastique malgré elle. Mais il lui avait semblé évident qu'il ne fallait pas emprunter ce passage. Elle tenta donc de se rattrapper en valorisant un peu l'intellect des agrégés.
"Ce serait pas ça, le fameux portail dont nous a parlé la nounou d'enfer ?... En tout cas je suis assez d'accord sur le fait de ne pas y aller maintenant. Mais ce sera peut-être la seule porte de sortie plus tard. Alors faudrait peut-être pas la faire pêter tout de suite."

Angus, qui s'était pour l'occasion fait discret, remis son sac à l'épaule et prit à son tour la parole:
"Mmmmmh...Je ne pense pas que passer l'arche serait fatal; d'après ce que je comprends, ce serait une sorte de portail vers les Contrées du Rêve. J'interprète plutôt ce dessin comme une libération de notre double astral qui nous permettrait l'accès à un autre univers qui me semble tout indiqué pour abriter une divinité de la nuit. Bien sûr tout portail a deux sens et il se peut que si Nyoghta est invoqué il emprunte ce chemin... le détruire peut-être ? Pas sûr que ce soit efficace... Si nous pouvions passer ce portail, nous pourrions peut-être avoir l'occasion de nous retrouver face à la source de nos cauchemards, ce qui signifiera sans doute notre perte... A moins de lui balancer la formule de Vach Viraj... et prier pour que çà marche. En même temps comme le dit Pascal il y'a peu de chances que le voyage puisse être un aller et un retour..."

Tous ce regardèrent, et personne ne fut emballé par l'enthousiasme et l'optimisme général. Enzo se démarqua et se placa aux côtés de la belle. Il inspecta son arme ainsi qu'une des poches latérales de son sac et dit:
"...il me reste deux charges et cela devrait suffir pour venir à bout de cette arche, enfin j'espère. En plus, on commence à être short au niveau des munitions. Je suis OK avec le fait de visiter l'autre galerie avant de prendre une décision qui risque de nous être fatal !...Partons dans l'autre sens, on aura toujours le temps de revenir si on y trouve rien."

Le groupe fit demi tour, laissant l'impressionnante arche derrière lui, et se mit en marche en direction de la dernière possibilité qui s'offrait à lui.

En empruntant l'autre tunnel, les survivants débarquèrent dans une petite salle éclairée par des bougies de cire noire qui irradiait d'une lumière orangée irréelle. Il y faisait étrangement froid et tous eurent un mauvais pressentiment.
Le sol était de marbre noir poli brillant qui contrastait avec tout ce qui avait pu être aperçu auparavant. Il était incrusté de mosaïques de marbre bleu-gris. On pouvait y voir de fantastiques conjonctions de cercles qui s'interpénètraient, des courbes et des lignes radiantes. Les propriétés non euclidiennes de ces formes géométriques changeaient et subissaient des distorsions à la moindre modification de perspective. Ce sol était tout sauf habituel...
Non loin du centre de la salle, le cadavre de la fameuse créature traquée par Enzo était visible. Elle semblait avoir été vidée de son sang, et gisait là, exsangue.
03h56...

Vanessa restait dubitative sur le palier. La créature semblait morte ?... Et alors ?! Tout était mort ici, et ça n'empêchait pas les créatures d'attaquer quand même. Du coup la créature qu'Enzo avait descendue n'était peut-être pas si inoffensive que ça. Et puis elle n'était pas forcement seule non plus.
Vanessa laissa donc à Enzo le soin de l'aligner et s'intéressa aux alentours. Elle s'efforça de ne pas observer le plancher. Bien trop surnaturel pour elle. Il lui revenaient de cuisants souvenirs de son observation des tableaux de l'étage supérieur. Elle chercha donc une menace plus concrète à plomber. Une bonne vieille cible bien classique.
Angus mit à nouveau genou à terre et sortit son désormais grand classique, le Vermiis, et dit à ses compagnons:
"Le portail est lié à cet endroit, la clé doit être dans le Vermiis."

Pascal lu par dessus les épaules du doc, attiré à la fois par l'ouvrage et par la résolution du mystère du portail.
Enzo fut le premier à pénétrer dans la pièce.
"Couvre moi Vaness' !...on n'sait jamais."

Il ne fit pas trois pas dans la salle au portail qu'un horrible ricanement spectral retentit. Une soudaine brise froide envahit la pièce et plusieurs formes et courbes du portail changèrent de couleur et d'orientation.
Tous arrêtèrent leurs activités pour regarder ce qu'il se passait dans la salle.
Enzo pointa son arme, cherchant au petit bonheur la chance une cible providentielle. Une terreur soudaine s'empara de lui.
"Putain Vaness', y'a un truc qui tourn..."

Il ne put terminer sa phrase. Il fut soumis à un choc violent vers l'avant qui manqua de le renverser. Sous l'impact, il lâcha son arme qui tomba au sol. Il était entrain de se débattre avec une chose invisible, et visiblement, il se trouvait en grande difficulté.
"AAAAAAaaaaaarrrrghhhhh...."

Une lutte de tous les instants venait de se mettre en place pour Enzo, sous le regard glacé et terrifié de ses compagnons.
03h58...
Au bout de quelques secondes, une forme devint visible dans le dos d'Enzo. On pouvait deviner une grandeur de plus de deux mètres, des bras prohéminents, des ailes... mais si on pouvait deviner sa présence, c'était surtout grâce aux nombreuses veines du corps de la créature qui étaient entrain de se gonfler et de se colorer d'un violet-vert éloquent. La gueule plongé sur un Enzo devenant pâle, la créature était visiblement sur le point de vider son verre, Enzo ayant de moins en moins de force vitale pour se débattre.
L'urgence était de mise, mais encore fallait-il avoir une solution...
03h58 et... 26 secondes...

Angus se dit qu'il n'y avait pas d'autres alternatives devant l'urgence de la situation
"Par Saint Georges, il faut agir vite !!!"

Il laissa le grimoire ouvert à la bonne page, le glissa sur le côté en s'exclamant à l'attention du professeur au-dessus de son épaule.
"Pascal, vous vous y connaissez en sciences occultes, déchiffrez le Vermiis, la clé du portail se trouve à cette page."

Il sortit de son sac la formule de Vach Viraj ainsi que le poignard sacrificiel et, toujours à genoux, il se concentra pour lire sans erreur la formule complexe qui avait terrassé la créature dans la morgue. Il tenta de chasser les visions horribles de cette créature qui avait été dévorée par cette sombre magie et s'appliqua à reproduire l'instant où l'énergie avait parcouru son échine en priant pour que celà soit aussi efficace contre une créature immatérielle.
Pendant ce temps, et dès que la cible fut visible, Vanessa fit ce qu'elle attendait depuis un bon moment : elle shoota. Pas l'ombre d'une hésitation. Si elle ne tirait pas Enzo était mort de toutes façons. Elle retint sa respiration, focalisa sur le démon et lacha un premier tir.
"BAAAMMM !..."

Le coup sembla toucher, mais aucune réaction de surprise n'ébranla la créature.
Vanessa resserra la crosse, qui allait bien finir par garder de façons permanente les sillons de ses empreintes, et sans un souffle, en lacha un deuxième plus maîtrisé. Elle s'arréta pour ne pas se laisser embarquer dans l'effet-recul et réajusta la cible.
"BAAAMMM !..."

Le coup toucha également et eut cette fois ci des conséquences surprenantes. La balle se logea directement dans une veine du coup.
Surprise, la créature terrifiante relacha son étreinte et pris son envol tout en lâchant un cri terrible qui glaça le sang à tous. Bien que toujours invisible, une veine trahissait dorénavant sa présence.
Enzo, épuisé par l'affrontement, restait au sol, n'ayant pas la force nécessaire de se hisser sur ses jambes. Sa mine avait ce teint abominable des cadavres dont le processus de rigidité avait débuté.
La créature, bien qu'ébranlé, s'appraitait visiblement à retourner au combat.
Angus commença à psalmodier son incantation, le poignard dressé devant lui.
Pascal, qui n'avait aucune envie de s'occuper du Vermiis pour le moment, entama également une action extrême où toute notion de prudence avait été écartée. Mais à situation désespérée, acte désespéré...
Voyant que le coup de Vanessa avait touché de manière innattendue, il s'adressa à la belle:
"...je vais tenter de l'éloigner d'Enzo...Si ça marche, tue cette saloperie et t'occupe pas de moi !..."

Pascal courut alors en direction de la créature qui se trouvait à portée de saut, et cibla la fameuse veine en espérant pouvoir s'accrocher à la chose qui se trouvait au préalable derrière Enzo. Il réussi difficilement à la percuter de toutes ses forces et l'entraîna dans sa chute vers le sol.
Il tenta de la ceinturer en essayant de la maintenir à terre, et du coup permettre à Vanessa de faire son boulot, et au doc, d'achever son incantation.

La créature ne resta pas longtemps sous l'emprise de Pascal.
Presque de façon instantanée, le corps du courageux fut projeté en l'air sous l'effet d'un souffle violent.
Le professeur atterit douloureusement sur le dos et le bruit sourd que fit son crâne à sa réception au sol ne présageait rien de bon.
Au mieux un mal de tête de plusieurs heures, au pire...
Malgré tout, cet acte de bravoure permis à Enzo de respirer et de se mettre à l'abri contre une paroi du mûr.
Pascal, inerte, avait lui quasimment atterit au centre du portail tracé à terre, et, déjà des lettres inconnues en surbrillance dansaient dans les entrelacs non-euclidiennes. Un halo de lumière apparût et en l'espace de quelques secondes, le corps de Pascal fut aspiré dans un vortex et disparut au yeux de tous...
03h59...et 10 secondes...

La créature, dont les effusions de sang commençaient à tracer les contours de sa silhouette ailée monstrueuse, sembla voir le corps disparaître et dans lemêmeinstant émis un cri de dépit et de haine.
Tous comprirent à cet instant qu'il était le gardien du passage...
La chose se tourna à nouveau vers Enzo...C'est lui qui allait devoir payer le cout de ce passage malheureux...
"...Ya hai kadishtu ep r'luh-eeh Nyogtha eeh, S'uhn-ngh athg li'hee orr'e syha'h !..."

L'incantation amenée à son terme par Angus stoppa net la progression de la créature vers Enzo. Celle ci émis à nouveau un cri terrifiant, mais cette fois ci, on pu y deviner de la douleur. Ebranlée, elle resta figée plusieurs secondes. Sa veine continuant à pleurer la vie...
...03h59...et 21 secondes...

"...BAAAMMM !...BAAAAMMMM !..."

Vanessa, d'abord spectatrice de l'effet portail, avait profité de l'immobilité de la créature pour avancer vers elle et l'arroser de balles, essayant de choper au p'tit bonheur la chance une nouvelle veine. Mais ce coup ci, elle n'eut pas la réuusite qu'elle avait eu aparavant.
Ses coups portèrent, mais ne parraissait pas affecter outre mesure la créature.
Enzo, de son côté, toujours aussi réactif, compris que son salut ne pouvait venir que par une fuite bien sentie en directon du portail ou alors un retour à la case départ, là où se tenait un doc subitement prostré...
La créature, toujours immobile, recommençait à battre des ailes...Elle allait bientôt pouvoir repartir à l'assaut.
...03h59...et 29 secondes...

La formule n'avait visiblement pas l'effet escompté sur la créature, soit elle était inadaptée, soit le doc était un sorcier médiocre.
Tant pis...il était clair que désormais la seule issue face à cette créature était la fuite et puisque le portail avait besoin d'un gardien, c'est que l'ennemi jugeait que le franchir était un danger pour lui. Il était désormais clair que la seule issue de secours était ce passage magique.
Le doc sortit de sa stupeur et recouvrit ses facultés:
"Empruntons ce passage... nous n'avons aucune chance contre cette créature !!! je viens de voir sa véritable forme, nous sommes perdus si nous restons ici !!! "

Il était désormais complètement terrorisé, mais malgré cela et après avoir récupéré le Vermiis, il vint en aide à Enzo pour le relever et avancer vers l'endroit où le professeur avait disparu.
"Vanessa, continuez à nous couvrir en visant la veine et suivez-nous de près. J'espère que la formule nous laissera au moins le temps de franchir le seuil de cet autre monde !!!"

L'espace d'une seconde, le doute s'insinua dans son esprit... et s'il n'y avait pas de retour possible et si c'était la porte des enfers ? Trop de questions que l'urgence de la situation ne permettait pas de prendre en compte sérieusement, il fallait agir et il fallair agir tout de suite. Il était vital pour lui de se concentrer sur ce qui était à faire tant son esprit vacillait à la vue de ce cauchemard, comme la flamme d'une bougie, il sentait instinctivement qu'elle pouvait s'éteindre à tout moment et que la folie serait son lot.

Vanessa avait capté le message. Elle visait la veine pendant que Enzo et le doc prirent place au centre du portail...
Elle marcha à reculons, sans quitter la chose des yeux, et vint se porter aux côtés de ses compagnons...
Ils attendirent d'interminables secondes...La créature se braqua et déploya ses énormes ailes pour se ruer sur les trois fuyards.
"...BAAAAMMM !!!"

Raté !...la fatigue et la peur empêchèrent le coup de porter. La mise en marche du portail y contribua également...
A nouveaux tout s'illumina, et signes caballistiques et formes étranges s'entremélèrent...
Le vortex s'ouvrit et une chute vertigineuse s'offrit à Vanessa, Angus et Enzo...
La créature eut tout juste le temps de frapper une dernière fois avec une de ses énormes pinces...
" SSSHHHHRRAAAAAKKKK ....!"

04h00...
Le groupe était reconstitué. Pascal était groggy, mais vivant...Une grande salle au mur totalement recouvert d'inscriptions était le lieu où ils se retrouvaient. Tous étaient sonnés par cette expérience incroyable !...
Vanessa avait un regard étrange, appeuré. Ses si charmants iris étaient fixés sur Enzo...
Une mare de sang peignait le tee-shirt du combattant...
Le dernier coup de la créature avait porté !...
04h01...

Vanessa attira l'attention du Doc sur Enzo, au cas où celui-ci n'aurait pas vu qu'il y avait un blessé.
Puis elle s'approcha d'Enzo déchira un bout de son petit tee-shirt, qui ne ressemblait plus maintenant qu'à une brassière usée prête à exploser, et commença à nettoyer affectueusement la plaie.
"T'étais pas assez blessé comme ça hein ?"

Sa voix, d'ordinaire si sûr et pleine d'abnégation, n'était plus qu'un murmure. Devant le peu de souffle de vie qui restait à Enzo, Vanessa laissa couler une larme.
04h02...

Le doc sortit son attirail, faisant un rapide inventaire de ce qui lui restait. Il du rapidement se rendre à l'évidence. Il ne lui restait rien.
Il découpa le tissu qui masquait la plaie. Le spectacle n'était pas jolie...Le coup avait porté de manière profonde, et Enzo avait une hémorragie importante.
Angus pris une petite serviette de son sac et l'appliqua sur la plaie. Il fallait stopper ce saignement, et prier pour que Enzo s'en sorte.
La douleur que supportait le malheureux devait être intense au vu de sa mine meurtrie, mais il allait essayer de tenir; pour lui, pour ses compagnons, et...pour elle.
04h05...

Pendant que le doc et Vanessa s'occupait d'Enzo, Pascal s'était intéressé à cette nouvelle pièce, examinant attentivement les murs et le sol.
Une galerie s'échappait au nord et une autre filait vers le sud est.
Enzo ferma les yeux, le pouls battant lentement, mais battant encore...Une paleur inquiétante avait élu domicile sur sa personne. Il avait perdu beaucoup de sang suite à sa confrontation avec le gardien du portail.
Il avait une nouvelle mission, ll allait maintenant essayer de se battre contre le temps...

Le doc se releva en essuyant ses mains couvertes du sang d'Enzo
"...L'hémorragie est stoppée pour l'instant, mais il a besoin de soins hospitaliers"

Il posa sa main sur l'épaule du guerrier et, en le regardant droit dans les yeux avec compassion, il s'adressa doucement à lui:
"Enzo, je ne te cacherai pas que tu es très gravement blessé mais je sais que tu as la volonté nécessaire pour tenir alors bas-toi..."

Vanessa ne savait quoi répondre, et, devant l'espoir tant attendu quant au verdict d'Angus, elle du se résoudre à survivre dans l'inquiètude pour son combattant préféré.
Pascal, qui s'était concentré sur les dessins muraux, laissa faire le doc, mais quant il entendit le diagnostic pessimiste du toubib et qu'il vit dans quel état était Enzo, une chose lui revint à l'esprit. Devant le spectacle tragique qui s'offrait à lui, il dit à Vanessa d'un ton sûr et sec:
"Tiens lui les bras !... il ne doit pas bouger ! j'ai un moyen de le sauver, mais il ne doit pas bouger. Qui sait ce qui se passera..."

Pascal sortit un bel objet vert de sa poche. C'était la bague qu'il avait prit à Enzo quand ce dernier avait péter un câble et qui au final, l'avait soigné... Il la glissa au doigt d'Enzo en priant pour que ça fonctionne encore une fois...
Tous regardèrent la scène avec inquiétude...Tous avaient oublié cette fichue bague...Mais pas Pascal !
04h07...

Enzo semblait lutter dans son propre corps contre une présence invisible...Par moment ses yeux se révulsèrent, s'ouvrèrent, l'un après l'autre...Des rictus malsains envahirent son visage marqué. Il s'agitait...Se débattait...
C'est le doc qui le premier vit la transformation...
Sa blessure se refermait d'elle même.Il était entrain de guérir !
04h11...

Quatre minutes venait de s'écouler. Une éternité pour Vanessa...

Vanessa ne savait pas si elle préférait Enzo vivant ou bien Enzo sous l'emprise de cette bague diabolique. Qui sait comment il ressortirait de cette expérience. Et de quel côté ? Dès qu'elle estima qu'il était sauvé elle voulut lui arracher le bijou maudit.
Pascal, voyant que la belle envisageait le retrait de la bague, la retira prestement du doigt et dit à Vanessa:
"Tiens le encore quelques minutes, on ne sait jamais... lâche le quand tu seras sûr qu'il a retrouvé son état normal..."

Elle regarda le professeur...Enzo n'était pas entièrement guéri, mais Vanessa n'aimait pas ce regard de haine, ces ténébres qui l'envahissaient. Il survivrait. Mais pas à n'importe quel prix. On n'avait pas besoin qu'il soit en pleine santé, juste capable de se bouger tout seul. Au final, elle était rassurée que la bague ne soit plus au doigt d'Enzo.

Ensuite venaient les autres questions urgentes, dont la principale : on était passé par un portail. Mais où étions-nous maintenant ce portail passé ?...
Un bref coup d'oeil montra une salle semblable à toutes celles rencontrées depuis qu'ils arpentaient les tunnels...
Un passage descendait lentement vers le sud est, alors qu'un autre montait irrémédiablement vers le nord...
L'heure d'un choix se présentait à nouveau au groupe...
Enzo reprenait ses esprits, le regard hagard d'un homme promis à une mort quasi certaine...Les blessures physiques étaient guéries, celles de l'esprit par contre, allaient laisser des traces.
Il ragarda le doc et s'adressa à lui tout bas:
"Le chemin du haut nous ménera vers la cruelle vérité...Celui qui file vers le coeur de la terre nous dirigera tout droit vers Shrre'kedde Tuolka-Pah...Pourtant c'est cette dernère alternative qui m'appelle...Il faut s'y rendre..."

Il regarda maintenant la galerie qui descendait vers le sud est...Il était comme attiré...totalement désemparé...