Subterranea...

Pascal s'exprima le premier quant au chemin à suivre. L'état d'Enzo ne le rassurait guère.
"Les paroles d'Enzo sont pour le moins bizarre et comme le bizarre parait tout gérer dans ce lieu, je serais d'avis de le suivre... en restant sur nos garde, car ça pourrait être un piège..."

Sur ces dires, Pascal remis la bague dans sa poche en priant pour ne jamais devoir la ressortir, à moins de trouver le moyen de l'utiliser sans ces effets secondaires de merde.

Vanessa, de son côté, regarda d'un air ahuri le légiste qui lui rendit son regard. Elle finit par s'adresser au combattant qui avançait déjà en direction du sud-est...
"Shree dee... quoi ? Qui t'appelle ? De quoi parles-tu ? Comment tu connais ces noms bizarre ? Et puis c'est quoi ce sketch là ? Pourquoi on irait voir Shreedeetruc au Sud si la vérité est au Nord ?..."

Vanessa n'eut aucune réponse en retour, elle sentait qu'Enzo n'appartenait déjà plus tout à fait au monde du commun des mortels. Peut-être aurait-il mieux fait de mourir. Elle se promit de lui garder une ou deux balles, au cas où il en aurait besoin.
Le légiste ne perdit pas une miette de ce qu'il se passait à cet instant. Il était vital à ses yeux de rester soudé, d'avancer du même pas, de faire bloc face à l'adversité. Ce n'était qu'à ce prix qu'il pourrait encore espérer une issue favorable...mais quel prix ?
Il écoutait Enzo avec attention, nul doute que ces paroles étaient guidées par des visions introduites dans son esprit par une sombre corruption comme il en avait lui-même fait l'expérience.
Il ne pouvait pas occulter que ces paroles étaient peut-être un piège tendu par leur ennemi, mais la confiance en chacun des membres du groupe de survivants était la seule chose qui leur restait et c'était cette force qui allait les aider à tenir.
"Mmmmh...Je suppose qu'il faut toucher le fond du cauchemard pour avoir une chance de remonter vers la lumière... descendons encore..."

En regardant l'obscur passage il dit pensivement à haute voix "Qu'est ce que Shrre'kedde Tuolka-Pah ?", mais il ne s'attendait pas à une réponse... Il savait qu'elle se trouvait certainement dans le De Vermiis mais il n'avait plus la force de consulter le livre maudit.
04h19...

Sans un mot, tous suivirent le combattant fantôme qui s'enfonçait dans le passage, se dirigeant une fois encore au plus profond des méandres de la terre, là d'où l'on ne revenait pas...
Au bout de quelques instants d'une lente progression, tel une marche funèbre, le groupe de survivant débouchaient dans une grande grotte en cul de sac qui avait tout d'un repaire malsain.
Les parois de granite de cette grotte s'incurvaient graduellement vers un puits ressemblant à une large bouche circulaire. De la bave séchée et une odeur pestilentielle remplissaient toute cette salle.

Enzo était celui qui se trouvait le plus proche de l'orifice, une dizaine de mètres à tout casser...Le reste du groupe se positionnait lui à une quinzaine de mètres du puits.
Le combattant fantôme s'était immobilisé...Il se retourna et incrusta ses yeux dans ceux de la belle.
"...Il sait qu'on est là...il arrive !...je...je...je n'arrive plus à...je ne peux plus..."

Une terreur panique soudaine s'était emparée d'Enzo. Il regardait ses membres qui ne lui obéissaient plus. Il était comme paralysé.
Un courant d'air ascendant émanant du puits se fit ressentir et balayait maintenant la grotte toute entière. La chose qui s'apprêtait à surgir du tréfond des entrailles de la terre devait être énorme.
Au prix d'un effort inouï, Enzo avait réussir à faire un pas vers le groupe, mais il n'était pas assez rapide. Il semblait devoir tirer une charge trop lourde pour lui.

La seule chose à laquelle pensa Pascal était qu'Enzo avait grandement besoin d'aide pour revenir auprès de ses compagnons.
Il courut donc vers le combattant en disant à Vanessa:
"Viens m'aider, on le ramène près du doc... on sera mieux tous ensemble !"

Il arriva rapidement à la hauteur d'Enzo. Il commença à vouloir le trainer le plus vite possible afin de le ramener près du reste du groupe.
Mais Enzo ne bougeait pas assez vite.
C'est alors que des fissures inquiétantes apparaissaient dangereusement de part et d'autres du puits.
Il fallait agir promptement si ils ne voulaient pas se retrouver pris dans l'effondrement qui menaçait.
Alors, sans trop réfléchir, Vanessa bondit elle aussi devant Enzo, et lui administra une claque magistrale à réveiller un mort. La belle pensa d'ailleurs à cet instant que cela faisait la deuxième de la soirée et qu'il allait surement en avoir marre un jour. Elle l'attrapa par la tunique et tenta un Seoi Nage, une projection de judo partant de la hanche, qui devrait le ramener du bon côté du groupe, loin du puit. Et tant pis pour la gamelle. S'il lui restait des reflexes il amortirait naturellement la chute. De plus, elle ne le projettait pas vers le sol, mais au loin. La chute ne devrait pas être trop dure. Pascal regarda le savoir faire de Vanessa et ota son emprise sur Enzo. Il ne voulait pas lui aussi se retrouver à terre, la tête en vrac...

En d'autres circonstances, Vanessa ne donnait pas cher de cette technique de base face à un combattant de la trempe d'Enzo. mais là, il n'était que l'ombre de lui même, alors elle avait une chance. Et puis comme ça elle focalisait sur autre chose que ce qui allait sortir du trou...au moins pendant deux secondes.
Tout se déroula comme elle l'avait prévue. Enzo fut envoyé au sol sans grande difficulté. Il se retrouvait maintenant à mi chemin entre le doc et ses deux sauveteurs. Légèrement secoué, il fixa la belle, mais bien vite, ses yeux regardèrent autre chose.

Angus, lui aussi fortement inquiet par l'imminence du danger, haranguait ses compagnons.
"Partons d'ici !...Vite, dépêchez vous par Saint Georges..."

Il fouilla dans son sac pour y dénicher la dernière ampoule d'adrénaline. Cela au moins boosterait les réactions bridées d'Enzo se disait il.
Mais lorsqu'il s'empara de la seringue, il faillit en lacher le remède qu'il s'apprêtait à administrer.
Son regard venait inconsciemment de se poser sur l'ouverture béante vers les enfers...
04h25...

Des interminables tentacules venaient de surgir du puits et balayaient de leurs présences la totalité de la salle.
Enzo, effrayé par ce qu'il voyait, cria à Pascal et à Vanessa:
"Baissez vous !..."

Un souffle d'air inquiétant passa juste au dessus de Pascal...

Vanessa et Pascal étaient en vilaine posture. Des tentacules sifflaient de part et d’autres de leur tête. Pascal semblait en proie à des démons intérieurs. Il semblait à présent lutter contre une force invisible. Il se prenait la tête à deux mains, cherchant à se protéger de cette "voix" qui pénétrait sans autorisation dans le crane de Pascal et qui était entrain de le rendre fou. Cependant, et dans un éclair de lucidité, il hurla à l’adresse de ses compagnons:
"Foutez le camp d'ici !...je vais tenter de le retenir ! De toutes façons, quelque chose ne va pas... je ne pourrais pas vous suivre !... Alors partez !...VITE"

Pascal sortit son pistolet et tira du mieux qu'il pu sur les tentacules, en priant le ciel qu’il espérait un jour avoir la chance de revoir, pour que cela les fasse fuir pendant que ses compagnons d'infortune prenaient la fuite.
"BAAAMM !...BAAAMMM !...BAAAMMM !...BAAAAMMM !... "

Au prix d’un effort important, Pascal, dont les mouvements semblaient ralentis, extirpa son arme de la ceinture de son pantalon, et commença à arroser les parties hautes de la grotte, celles où dansaient les tentacules.
Trois coups firent mouchent. Les balles s’écrasèrent dans les parties molles des tentacules, ce qui provoqua un repli temporaire de ces faux meurtrières.
Vanessa hésita quant à la position à adopter. Fuir ou rester ? Vivre ou mourir ?...Elle opta ce coup ci pour un repli défensif, terme plus noble que fuite. Si Pascal voulait se sacrifier, grand bien lui fasse. Après tout, il était libre de disposer de sa vie comme il l’entendait. Et si elle pouvait en profiter, elle ne se gênerait pas. Pour une fois que ce n’était pas les hommes qui profitaient d’elle…
Elle ajusta son Beretta dans sa main droite, et commença à ramper sur son fessier en direction de la sortie, s’aidant pour reculer de son avant bras libre. Elle visa par moment les tentacules, mais avait décidé de ne tirer que sur celles qui s’approchaient trop d’elle. Elle allait essayer de rejoindre le doc à l’abri.
Putain, le doc ! Mais qu’est ce qu’il foutait ?... Angus, armé de sa dague et d’une seringue entama une courageuse progression vers Enzo. Il balaya de sa dague au hasard devant lui, touchant à plusieurs reprises les tentacules qui coupaient l’air au dessus de sa tête. Malheureusement, sans grand dommage pour ces dernières. Il arriva, au bout de quelques secondes qui lui avait paru une éternité, au niveau d’Enzo. Ce dernier, continuant à faire face aux malheureux les plus proches du puits n’avait pas senti la présence du légiste dans son dos. Angus planta avec force et conviction sa seringue dans le poitrail d’Enzo. L’effet de surprise étant, le combattant eut un mouvement d’humeur, et, par un réflexe qu’il avait acquis après des années d’entrainement, envoya son bras dans un mouvement de défense. Par chance, ses gestes étant ralentis par une force mystérieuse, le doc parvint à éviter le coup.
"Hé...C’est de l’adré !...Vite, venez avec moi !...il faut fuir… "

Enzo retira la seringue et la jeta loin en direction du puits. Fuir ?...Et Vanessa ?...Et Pascal ?...
Le doc était déjà entrain de regagner la sortie, s’aidant toujours de sa dague pour esquiver les tentacules.
Soudain, les parois adjacentes du puits s’écroulèrent dans un bruit assourdissant. De la fosse abyssale commençait à apparaître le corps de l’abomination. La chose qui s’apprêtait à en surgir était d’une dimension colossale et continuait à provoquer des craquelures impressionnantes et inquiétantes dans la grotte.
Vanessa pressa sa fuite, et un bref instant, elle se retourna pour jauger la distance qui le séparait d’Enzo. C’est à ce moment qu’un tentacule s’abattit de toute sa force sur les omoplates de la belle la projetant avec fracas dans les airs. L’atterrissage fut rude, et, heureusement pour elle, c’était la partie plate du tentacule qui l’avait heurté, ce qui ne provoqua aucun saignement ni aucune blessure irréversible si ce n’est les égratignures dus à sa réception sur le sol rugueux.

L’effet positif de ce coup était que cela l’avait rapproché de la sortie, l’effet négatif était qu’elle était groggy.
Enzo savait qu’il ne pouvait plus aider Pascal. Celui là avait fait son choix, un choix difficile qui pouvait leur permettre de se sauver. Vanessa était à deux petits mètres de lui et elle, il pouvait encore la récupérer.
Le doc senti ses cheveux se hérisser quand il vit Enzo faire machine arrière. Il comprit tout de suite que le combattant ne partirait pas sans elle. Si elle devait tomber, il tomberait avec.
Le doc analysa l’ensemble de la scène et s’autorisa croire qu’à présent, il ne pourrait plus rien pour ses amis. Il ne pouvait plus qu’espérer.
C’est à cet instant qu’avec stupeur il remarqua les zébrures dans le couloir qui menait à la salle du portail. Ce n’était pas seulement la grotte que l’abomination était entrain d’écrouler, mais tout le couloir avec. Il ferma les yeux un court instant, priant pour son salut. Priant pour leur salut.
Enzo venait d’arriver à hauteur de la belle, pendant que Pascal continuait à esquiver du mieux qu’il le pouvait les tentacules qui étaient de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que l’abomination sortait des profondeurs abyssales.
"Allez Vaness’, un pt’tit effort…Prends ma main !...VITE ! "

Enzo tendit sa main et à son grand soulagement vit un petit geste de la belle qui cala sa main dans la sienne. La chaleur du contact de leur peau décupla les forces d’Enzo, et l’adrénaline aidant, il tira la belle vers lui. Le Beretta était resté au sol, mais cela n’avait guère d’importance au moment présent. Il cala ses mains sous les aisselles de Vanessa et la tira vers la sortie, gagnant centimètres par centimètres.
Enzo eut un regard pour Pascal, qui continuait à se défendre becs et ongles contre la terreur sans nom qui envahissait la pièce. Ce même Pascal, qui, par le biais des éboulements causés par la créature, avait maintenant une vision de ce qui allait surgir.
Le doc trépignait et commença à entrer plus loin dans le couloir, à l’abri des tentacules.
Enzo et Vanessa n’étaient plus qu’à quelques longueurs de la sortie, et c’est à ce moment qu’une partie du sol se déroba entre le doc et eux. Deux tentacules émergèrent et barrèrent le chemin du salut.
Vanessa n’avait plus d’arme, et Enzo était occupé à trainer le corps de la belle. Ils étaient fichus eux aussi.
"BAAAMM !...BAAAMMM !...BBBAAAMMM !...BAAAMMM !... "

Quatre balles sifflèrent au dessus des deux fuyards, venant se loger avec une précision d’orfèvre dans les tentacules. Celles-ci se replièrent dans le sol un court instant.
Enzo compris que c’était là leur unique chance de salut.
Il cala le corps de Vanessa sur son épaule, et tel un haltérophile, l’arracha du sol. Il l’ajusta comme il fallait et entrepris une folle course en direction d’Angus, faisant fi des autres menaces tentaculaires.
Il enjamba la brèche d’un bond assuré au moment où les tentacules refirent surface. Par miracle, il parvint à les éviter.
Pascal, les regarda s’échapper par le couloir. Il avait le sourire. Il avait toujours rêvé de partir en accomplissant un acte comme celui ci. Il savait au plus profond de lui-même qu’il en était capable.
Que le jour où il faudra prouver son courage, il allait se montrer digne.
Il ne s’occupa plus des tentacules qui continuaient leurs danses macabres au dessus de sa tête.
C’était la créature qui allait avoir affaire à lui.
Le doc et Enzo courraient de toutes leurs forces en direction de la salle au portail. Des bruits terribles de pierres s’entrechoquant, de coups de feu, de cri de rage humain se firent entendre derrière eux, mais aucun ne se retournaient. Vanessa était bringuebalée sur l’épaule du combattant mais ce laissa porter de bonne grâce. Elle était tellement lasse.
Des larmes de fatigue embrumèrent sa vision. Merci Pascal…Et ne t’inquiète pas, ils paieront…

Les trois survivants arrivèrent à destination, et, au grand soulagement du doc, il constata que cet endroit ne souffrait d’aucune meurtrissure au niveau du sol.
Ils avaient rejoint leur sanctuaire, le seul dans ce monde de ténèbres…
Ils soufflèrent…Vanessa reprit sa contenance et plongea son regard dans les yeux d’Enzo. Un regard plein de compassion et de gratitude.
Personne n’osait briser le silence. Ensemble, ils regardèrent dans la direction de l’endroit qui était devenu le tombeau de Pascal.
04h33…

Vanessa ne retint plus ses larmes. Elle les laissa couler silencieusement. Etait-ce de ne plus porter d'arme qui la rendait vulnérable ? Elle s'approcha d'Enzo, se cala dans son épaule, se recroquevilla et laissa ses bras l'envelopper. Elle reprit là un peu de souffle et, entre deux sanglots étouffés, elle se remit à parler.
"Je veux pas savoir ce que c'était. Je veux pas. Je veux juste que ça cesse. Je veux la peau du mec qui nous a mis ici. Je veux qu'il serve de repas à son poulpe. Qu'il aille rendre des comptes à Pascal."

L'évocation de Pascal entraîna une minute de silence tacite. Parler avait été une thérapie. Elle posa un baiser sur les lèvres d'Enzo et s'arracha à regret de la protection de ses bras. Dans le même mouvement, ses mains expertes avaient, ouvertement, embarqué son flingue. Elle souriait tristement à Enzo, fit un examen de l'arme, et dit d'une petite voix.
"Tu prêtes ?"

Elle n'attendait pas de réponse et rangea l'arme dans son ceinturon.
Elle se tourna vers le Doc, s'en approcha et le prit dans ses bras. Ce n'était pas la même accolade que pour Enzo, mais la même sincérité. Angus était devenu tout autant un pilier sur lequel elle acceptait maintenant de s'appuyer.
"Angus, t'as été...trop fort. T'as assuré un max. Ca ira toi ?"

Les larmes avaient cessé de couler, la respiration était de nouveau normale.
"Faut leur faire payer tout ça...et venger Pascal, Denis ... et tous les autres..."

Il suffisait d'une étincelle pour refaire flamber, tels un phénix, les yeux de la panthère.
Elle n’eut guère le temps de se reposer plus, un retentissant vacarme emplissait maintenant la salle du portail. Tous regardèrent inquiet en direction du couloir qui menait vers le puits. Qu’allait il encore en débouler.
"C’est un effondrement !... "

Angus regarda la propre grotte où il se trouvait. Elle devrait tenir avec un peu de chance…un peu de chance !...Un concept si aléatoire dans ces ténèbres.
Un épais nuage de poussière approchait par le couloir. Tous se mirent contre le mur opposé, espérant à nouveau pour le salut. Enzo enlaça la belle et le doc mis son sac en guise de protection devant lui…
"VVVVVLLLLLAAAAAAAAAAAAAAMMMMMMMMMMMM………….."

Avant d’être totalement aveuglé par ce mur de poussière qui s’enfuyait déjà dans le couloir menant au nord, tous aperçurent la forme humanoïde qui venait de faire violemment irruption dans leur sanctuaire.
04h35…

Personne n’osait bouger. Le nuage retombait déposant sur chacun une fine pellicule de poussière de rocaille. Tous parvinrent à voir où se trouvait à présent le nouvel arrivant, et tous le reconnurent. C’était Pascal ! Il avait survécu à l’impensable…
Ce dernier, à quatre pattes, toussait et crachait toute la poussière qu’il avait inhalé lors de sa course infernale contre le temps et l’effondrement.
Pascal, dont le soulagement d’avoir survécu se lisait sur le visage et qui était heureux d'avoir réussi à sauver ses compagnons en prime, les rejoignit du mieux qu'il le put, se remettant péniblement sur pieds en refoulant la douleur comme il le pouvait...
Quand il arriva à portée de voix de ses amis d'infortune, il s’adressa à eux:
"…Et alors ?... on vient même pas voir si je suis vivant ?!"

Vanessa fut la première à se précipiter auprès de lui, suivit quasiment instantanément par le reste des survivants. Et pour une fois, tous furent contents.
La chance était elle entrain de tourner ?...
Le cœur de Pascal était réchauffé par l’accueil de ses camarades. Au bout de quelques secondes, il regarda Angus
"Doc... tu peux m'aider stp ?... les tentacules m’ont blessé..."

Il releva son sweat pour montrer le haut de son dos au légiste. Il avait été touché mais sa vie ne semblait à priori pas en péril. Pascal senti également qu’il devait des explications quant à sa survie providentiel. Il entama difficilement des explications entrecoupées de quintes de toux certainement dues à la poussière.
"Si vous voulez savoir comment j'ai survécu…kof kof… et bien c'est vraiment de la chance... kof kof…je vous jure... elle voulais me bouffer…kof kof... mais le sol s’est affaissé sous moi…kof kof... j'ai cru que j'allais y passer...kof kof… mais coup de chance, l’éboulement s’est produit de manière à ce qu’il…kof kof…me restait un pont naturel pour vous rejoindre...kof kof… mais là, comme pour vous Enzo et Vaness’ les tentacules mon bloquer le passage…kof kof…mais j'ai réussi à passer au travers…kof kof... c'est à ce moment là que j'ai été blessé…kof kof... elle... elle m’a poursuivi !...Amis, j'ai vraiiiiiiment eu de la chance de survivre... maintenant si ça vous dérange pas... je vais me reposer... un peu...kof kof…"

Pascal tomba légèrement dans les vapes en raison de la douleur et de la fatigue dus à sa course folle.
Le doc utilisa rapidement le peu de remède qui lui restait dans son sac pour remettre tous ce beau monde sur pied. Il s’occupa de Vanessa et de Pascal dont les soins étaient plus importants. Son visage qui avait souffert mais surtout son dos qui avait été victime de l’aiguillon affuté d’un tentacule.

04h46…
Après plusieurs minutes d’un repos bien mérité que tous mirent à profit pour recharger en énergie leur moral et leur corps, le cours des évènements se rappelait à eux…Il ne leur restait plus qu’une option…Le couloir nord !...
Il allait devoir quitter cette salle du portail, ce sanctuaire qui s’apparentait à une pièce de sauvegarde dans les jeux vidéos…Un endroit sûr où rien n’y personne ne pouvait leur faire du mal…

04h47…
La communauté de l’infortune se mettait en marche vers le nord, empruntant, ils l’espéraient tous, la dernière option les menant à leur survie.
Le couloir, qui montait légèrement, les amena jusqu’à une grande porte dont les immenses portes ouvertes donnaient sur une vaste salle.
Cette énorme pièce voutée a été creusée dans du granite, mais ici la surface est lisse et régulière, avec des angles précis et des jonctions parfaites. Des torches allumées éclairaient la salle d’une lumière vacillante et régulière.
Des hideux bas reliefs tentaculaires représentant une horrible abomination ainsi que d’autres grandes divinités démoniaques couvraient la totalité des murs. Sous les mouvements des flammes, ces sculptures monstrueuses respiraient et remuaient comme si, à chaque instant, ces formes menaçantes allaient se mettre à vivre. Et en effet, un sentiment d’effroi répugnant, plus épais que la fumée des torches, régnait dans la pièce, indiquant une horreur encore plus profonde, plus sombre et plus inquiétante.
Des plaques de granite et de basalte couvraient le sol en formant d’écœurants dessins de tentacules entrelacés avec des pseudopodes, tandis qu’à une vingtaine de mètres, au centre de sa vaste salle, brillait un disque monumental de plus de deux mètres de diamètre.

Autour de ce disque se dressaient cinq énormes piliers aux pieds desquels se tenaient en méditation cinq formes humanoïdes immobiles dont le visage était encapuchonné…
Ces créatures étaient entrain de psalmodier des chants glaciaux aux sonorités infernales qui résonnaient dans les hauteurs de la salle, renvoyés comme par ricochet sous forme d’écho.
La progression du groupe était en partie cachée par les piliers, les masquant à la vue des cinq êtres autour du grand disque. Tout au nord, une nouvelle porte ouverte était le seul passage proposé par cette pièce.
04h52…

Pascal fut le premier à proposer une option à ses compagnons, et ce d’une façon à ce que personne d'autres ne puisse les entendre:
"On devrait passer discrètement tant qu'il ne nous voit pas, au moins on passera inaperçu pour une fois, car les tuer ferait trop de bruit…mmmmh…il y a bien la possibilité de les torturer aussi... pour savoir comment sortir d'ici...mais je pense sincèrement qu’ils adoreraient ça, et j’veux pas leur faire ce plaisir !..."

Il arracha un sourire au doc et à Enzo, ce qui valait de l’or dans un tel moment.Vanessa, elle, bien qu’heureuse d'avoir retrouvé Pasca, ne pouvait se résoudre à l'accepter. Il devrait être mort. Aussi sa joie était-elle teintée d'une méfiance tapie. En d'autres circonstances - braquage, échange qui se passe mal, deal foireux...- elle y aurait cru à ce miracle. Mais dans une maison où les morts marchent, où les anciens prisonniers trahissent, Vanessa éprouvait un scepticisme persistant. Néanmoins elle devrait lui faire un peu confiance, pour un temps en tous cas.
Le nouveau décor qui s'offrait à elle ne la rassurait pas plus. Tout était donc lugubre ici ? Quel plaisir à fonder un royaume si horrible ? Et ce chant ! Quelle horreur ! Elle tacha de ne pas y prêter trop d'attention et se colla un rap à la X-hibit pour continuer à avancer selon son propre rythme, rester dans sa concentration à elle et occulter la sombre mélopée.
Elle serra son arme. Un carton sur cible immobile était assez tentant. Et ça les ferai taire. Mais ça ameuterait surement tout ce qui traîne dans les parages. En plus, le terrain permettait une entrée discrète et les munitions étaient comptées. Elle relâcha la pression sur la crosse du flingue et fit le signe de l'anguille avec sa main : elle choisissait de se faufiler vers la porte. Serait-ce enfin la sortie ? Ou l'entrée d'un nouvel enfer ?
Angus, par des gestes simples et explicites, proposa au groupe d'atteindre la porte du nord en avançant discrètement de pilier en pilier. Enzo approuva d’un hochement de tête et tous adhérèrent. La discrétion était de mise.
Le groupe se mit en marche furtivement et décida donc de s’approcher du premier pilier. Au fur et mesure de leur approche des piliers et donc du disque, des lampes torches situés aux abords du cercle commencèrent inexplicablement à perdre de leur intensité, ce qui assombrissait encore plus cette immense grotte.
Enzo fit stopper d’un poing dressé tout son monde à moins de deux mètres du premier pilier. La longue et lancinante mélopée fit soudain place à des chants plus précis, des gestes sûrs faits de concert et des girations sauvages s’ensuivirent et le groupe fut soudain saisit par un terrible sentiment de menace imminente.
Tous remarquèrent à cet instant le corps d’un homme de type arabe accroché à un des piliers.
Il était comme hypnotisé et ne se rendait compte de rien. En y regardant de plus près, tous virent plus distinctement les sculptures sur les piliers : des centaines de pseudopodes entrelacées. Contrairement aux bas reliefs couvrant les murs, ces gravures bougeaient vraiment et maintenaient le malheureux en suspension et plaqué contre le pilier.
04h54...

Tous avaient les yeux rivés sur le corps de l'homme et sur les cinq êtres autour du disque.
Angus semblait alors changer de centre d’intérêt et paraissait être subitement intéressé par un pilier plus proche que celui où se trouvait l’homme. Son regard semblait balayer de haut en bas le pilier à la recherche de quelques choses. Il se saisit de son sac et s’approcha discrètement de celui-ci.
C’est alors que Pascal couru le plus discrètement possible vers Enzo afin de le choper par un bras et le tirer en arrière. Il avait remarqué que des pseudopodes s’étaient extraits d’un pilier et qu’ils se dirigeaient dangereusement vers les jambes du rital.
Toujours dans un silence quasi religieux, il les montra du doigt au reste du groupe.
Angus, alerté à temps à temps, stoppa sa progression vers le pilier juste à temps avant de voir s’extirper lentement de celui-ci les mêmes pseudopodes menaçants et ondulants.
Les moines continuèrent leur chant infernal, ignorant ce qui se tramait autour d’eux.
Des pseudopodes dansaient maintenant autour d’eux, frôlant leurs têtes et leurs jambes sans les toucher.
Pour Vanessa, deux choix se détachaient alors: courir ou tirer.
Si Vanessa avait été seule, elle aurait certainement essayé d'être la plus rapide et de se barrer avant le déluge. Mais là y'avait Angus, Pascal et Enzo qui n’était plus trop frais.
Alors elle allait tirer !
Sur qui ? Les moines qui chantent ou le type accroché ? Après tout il n'était surement pas là pour rien. Certes, il ressemblait à une victime, une offrande ou un truc du genre. Mais s'il était utile aux moines alors il fallait l'éliminer aussi. En même temps, les moines avaient l'air bien coupable, eux... Vanessa se dit alors qu'une balle dans leurs têtes se serait pas mal.
Elle ajusta son tir. Les cibles étaient plus ou moins immobiles, mais l'arme d'Enzo était plus lourde, et la fatigue n'était effacée que par la tension et le stress. Elle visa néanmoins la tête du premier des moines et tira, résolument déterminée à en faire de même le plus vitre possible avec chacun de ses potes.
"...BAAAMMM …!"

Le moine s’écroula instantanément sous la violence de l’impact.
Les pseudopodes se saisirent alors du corps et l’emmenèrent dans le pilier.
Le chant continuait…les autres moines ne bougèrent guère.
Tous remarquèrent alors que la célérité des pseudopodes avait augmenté…
De la fumée noire commença à s’extraire de l’endroit que recouvrait le disque, de même que des bruits approchaient de la porte situé au nord ouest…
Le combat final semblait poindre le bout de son nez…
04h59..

Des ombres grandissantes se dessinaient dans la clarté que proposait la porte. Des êtres s’étaient mis en marche en direction de la grotte aux piliers…
Angus regarda Vanessa dans les yeux, puis son regard glissa sur le pistolet encore chaud et fumant.
Enzo sortit son fusil d’assaut MD4 et s’éloigna à pas de loup des piliers cherchant à gagner le couvert dans la pénombre.
Pascal évita tout juste un pseudopode et s’éloigna lui aussi des piliers, stoppant sa fuite à côtés de la belle et du doc.
Soudain, un cri terrible déchira le silence oppressant.
"HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA……………….."

L’homme accroché au pilier venait de sortir de son état d’hypnose, il fixa le disque, le regard terrifié, la bouche tordue par la peur…
05h00…

Le disque se soulevait lentement…